Présidentielle en pologne : le candidat nationaliste conservateur karol nawrocki remporte l’élection

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PRÉSIDENTIELLE EN POLOGNE : LE CANDIDAT NATIONALISTE CONSERVATEUR KAROL NAWROCKI REMPORTE L’ÉLECTION Au bout du suspense, le candidat souverainiste fasciné par Donald Trump remporte les


clefs du palais présidentiel, avec 50,89% des voix. Publicité Coup de tonnerre en Pologne. Alors que les sondages de sortie des urnes laissaient entrevoir une courte victoire du pro-européen


Rafal Trzaskowski, issu du parti libéral du premier ministre Donald Tusk, les résultats consolidés ont finalement propulsé son rival en tête, le nationaliste conservateur Karol Nawrocki. Au


bout du suspense, c’est le candidat souverainiste qui rafle les clefs du palais présidentiel, avec 50,89% des voix. Pour les centristes, l’ascenseur émotionnel a été brutal. «_Nous l’avons


emporté !», _s’écriait plus tôt dans la soirée Rafal Trzaskowski, le maire centriste de Varsovie, le V de la victoire brandi, aux côtés d’un Donald Tusk visiblement radieux. L’euphorie fut


de courte durée. Au fil de la nuit et de l’actualisation des résultats, les espoirs se sont définitivement évaporés: Trzaskowski échoue pour la seconde fois à conquérir la présidence, cinq


ans après sa défaite face à Andrzej Duda, du même bord politique que son successeur annoncé. La cohabitation qui s’ouvre s’annonce particulièrement éprouvante pour Donald Tusk, puisque


Nawrocki hérite d’une légitimité électorale nouvelle. Héritier du puissant droit de véto, ce novice en politique de 44 ans, directeur de l’Institut de la mémoire nationale, soutenu par le


parti Droit et Justice (PiS), s’apprête à devenir un sérieux obstacle aux réformes libérales. Le rétablissement de l’État de droit, un chantier pourtant prioritaire suite à huit années de


national conservatisme qui ont engendré une politisation du système judiciaire, semble compromis. La mainmise des nationalistes conservateurs sur le Tribunal Constitutionnel symbolise leur


influence préservée dans le paysage institutionnel. C’est cette instance qui, en 2020, avait déclenché une onde de choc en limitant drastiquement l’accès à l’avortement, provoquant des


manifestations monstres à travers le pays. En début de soirée, tout sourire, costume sombre et cravate rouge, Nawrocki voulait rester confiant. «_Nous sommes parvenus à réunir le camp


patriotique à travers toute la Pologne»,_ annonçait-il, le pouce levé, alors qu’il n’était encore crédité que de 49,7%. Une heure plus tard, il publiait une photo signée_ «Nous allons


l’emporter !» _sur ses réseaux sociaux. Le pronostic s’est réalisé. REPORT DES VOIX EN PROVENANCE DE L’EXTRÊME DROITE La clef de cette remontée ? Le solide report de voix en provenance de


l’extrême droite. Au premier tour, Nawrocki avait rassemblé 29,5% des suffrages. Le soutien massif des électeurs de la Confédération explique en grande partie son succès. Crédité de 14,81%


au premier tour, 87% des électeurs de ce parti antisystème, nationaliste et libertarien, ont soutenu Nawrocki lors du duel final. Des proportions tout aussi importantes de la part du


candidat Grzegorz Braun, candidat royaliste et antisémite notoire, fort de 6,34% au premier tour du scrutin, ont étayé le score de Nawrocki. Ardent défenseur des «valeurs traditionnelles»,


le souverainiste a su s’imposer comme le champion des campagnes, avec un score écrasant de 63,4% dans les zones rurales. Les révélations embarrassantes à son sujet (participation à des rixes


de hooligans, soupçons de proxénétisme, acquisition controversée d’un logement social) n’auront pas ébranlé sa base électorale. Tout au long de la journée, les Polonais ont suivi avec


attention les chiffres de la mobilisation, que les politologues jugeaient au bénéfice du centriste. Malgré un record pour ce type de scrutin (71,8%), c’est bien Nawrocki qui l’emporte.


L’élection de cet historien fasciné par Donald Trump, pro atlantiste et eurosceptique assumé, vient fragiliser la dynamique polonaise au sein des Vingt-Sept. Sous l’impulsion de Donald Tusk,


le pays avait trouvé sa place parmi les puissances européennes qui comptent dans de nombreux dossiers stratégiques, dont la défense, la transition énergétique et la compétitivité. Il


s’avère que sa position au pays est bien plus fragile qu’il n’y paraît.