
Play all audios:
Cet artiste belge a apprivoisé le temps qui passe dans ses vidéos et (très) longs films où rien ne bouge et où pourtant tout finit par changer ; où la nature se déploie, se fane, meurt et
renaît. Son travail poétique est à découvrir au Musée de l’Orangerie, à Paris. Confessions d’un homme du siècle qui célèbre Monet, Caillebotte et Degas. Publicité Il regarde le temps passer,
comme une couleur dans le ciel. Comme une variable infinie qui change tout, imperceptiblement. Formé initialement à la peinture au Nationaal Hoger Instituut voor Schone Kunsten d’Anvers, en
Belgique, David Claerbout, né à Courtrai (Kortrijk en flamand, à 30 km de Lille) en 1969, crée des formes hybrides, à mi-chemin entre le cinéma et la photographie. Elles remettent en cause
la perception du spectateur et effacent la ligne de démarcation entre réalité et fiction. « _Une fenêtre pour moi, c’est déjà une image, nous confie-t-il en marchant. L’œuvre sur laquelle je
travaille en ce moment est tout autour d’une fenêtre, le regard d’un homme à travers cette fenêtre et le jeu des deux directions du regard – intérieur, extérieur – qui ne se rencontrent
jamais. Ma prochaine exposition s’appelle d’ailleurs “À la fenêtre”, à partir du 26 juin, dans le château néorenaissance de Gaasbeek, près de Bruxelles, devenu aujourd’hui un centre d’art,
propriété de la communauté flamande. Ce château appartenait à une Française et abritait un cercle d’intellectuels, dont Émile Zola. Alfred Dreyfus s’y est reposé après son procès. La
méditation sur le temps qui passe est mon sujet. Je l’ai envisagé sous tous les angles possibles, de l’instant à la durée. Bien sûr, on échoue toujours, comme lorsque l’on veut capter les
vagues de la mer. Ce vortex n’est qu’entraperçu à travers les changements qu’il induit autour de nous. Je me méfie de la définition chronométrique du temps, comme beaucoup d’artistes avant
moi. Ma façon de le traiter, c’est un peu comme coucher avec l’ennemi ! J’essaie de proposer un autre niveau du passage du temps, plus souterrain, plus large, plus panoramique. Nous avons
tous en commun un certain amour pour la lumière et pour l’optique. Les maîtres flamands avaient déjà compris la fonction mécanique de la lumière qui entre et qui va filtrer, toucher et
caresser les personnages dans leurs intérieurs. C’est ce passage du temps à travers la lumière et la matière que je vois dans leurs œuvres. J’ai été à l’ouest de Paris, sur les traces des
impressionnistes, de Monet et de Caillebotte. Je suis passionné par ce XIXe siècle et le rapport que tous ces artistes ont eu avec la photographie – y compris Degas, qui fut bon photographe.
Drôle de voir la lecture a posteriori de cette révolution. Elle arrive, on ne voit pas l’éléphant dans la chambre. Comme l’intelligence artificielle dont la révolution sera vraiment
comprise dans un siècle ! _» _« David Claerbout. Le printemps, lentement », jusqu’au 9 juin, au musée de l’Orangerie, Jardin des Tuileries, Paris 1er._