Pêche : l'union européenne fixe ses quotas pour 2024 et au-delà, le lieu jaune sous pression

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PÊCHE : L'UNION EUROPÉENNE FIXE SES QUOTAS POUR 2024 ET AU-DELÀ, LE LIEU JAUNE SOUS PRESSION Après d'intenses pourparlers, les ministres chargés du dossier ont arrêté les «totaux


admissibles de captures» par espèces qui s'appliqueront dès janvier aux pêcheurs européens. Publicité Les États de l'Union européenne ont approuvé mardi leurs quotas de pêche 2024,


jugés excessifs par les ONG environnementales, ainsi que pour la première fois des quotas pluriannuels pour certains stocks, notamment le lieu jaune, une population menacée dont les


captures devraient être nettement réduites. Après deux jours et une nuit d'intenses pourparlers, les ministres chargés de la pêche réunis à Bruxelles ont arrêté les «_totaux admissibles


de captures_» par espèces qui s'appliqueront dès janvier aux pêcheurs européens dans l'Atlantique, la mer du Nord, en Méditerranée et mer Noire. «_Cet accord contribuera à


maintenir les stocks à des niveaux durables, tout en protégeant les moyens de subsistance des flottes_», a déclaré le ministre espagnol Luis Planas, dont le pays occupe la présidence


tournante de l'UE et possède un puissant secteur de la pêche. Le secrétaire d'État français à la Mer Hervé Berville a salué un accord «_cohérent_» avec le souci de «_préservation


de la ressource_» tout en «_prenant en compte les spécificités des façades maritimes_» des diverses régions et «_les efforts_» des pêcheurs. Surtout, de façon inédite, les États ont adopté


des quotas couvrant non seulement 2024 mais également 2025 pour huit stocks (lieu jaune, plie, merlan, sole...) et même 2026 pour deux d'entre eux, après feu vert du Conseil


international pour l'exploration de la mer (CIEM), l'organe scientifique de référence. Ces quotas pluriannuels sont fixés pour les stocks pour lesquels le CIEM propose des


recommandations valables plusieurs années. «_Ils apporteront aux entreprises de pêche un degré accru de prévisibilité_» pour leur gestion et leurs investissements, a observé Luis Planas, à


l'heure où le secteur fait face au coûteux défi de renouveler et de verdir sa flotte. Dans le détail, dans l'Atlantique et la mer du Nord, les taux de captures 2024 ont été relevés


pour plusieurs stocks en amélioration - merlu, plie (au large du Danemark), cardine, baudroie... À l’inverse, ils ont été drastiquement réduits pour les populations fragilisées: merlan


(-41%) ou bar (-20%) dans le golfe de Gascogne, plie dans les eaux ibériques... Face à l'effondrement de la population du lieu jaune en Manche et Mer Celtique, le CIEM préconisait un


moratoire total dans ces zones, une perspective qui alarmait de nombreux petits pêcheurs français. Au final, les quotas négociés vendredi entre l'UE et le Royaume-Uni pour les stocks


dans leurs eaux partagées entérinent une forte diminution des prises de lieus jaunes. Et les quotas fixés dans les eaux de l'UE, eux, prévoient pour plusieurs stocks une baisse


drastique (-53%) des captures, un volume réduit qui sera maintenu pour 2025. Pour d'autres stocks de lieus jaunes concernant notamment les eaux françaises, un volume de 500 tonnes a été


fixé pour les six premiers mois de 2024, contre 1482 tonnes pour l'ensemble de 2023. DES QUOTAS PAS ASSEZ LIMITÉS, DÉPLORENT LES ONG Il s'agit d'un «_quota provisoire_», et


la situation sera réévaluée en mai sur la base de données supplémentaires, a détaillé Hervé Berville, s'inquiétant des effets d'une baisse «_trop brutale_» sur la viabilité de la


filière dans le golfe de Gascogne. La pêche récréative sera, elle, strictement encadrée. Pour l'anguille, autre espèce en sursis, l'UE a reconduit la fermeture de la pêche


commerciale durant six mois dans les eaux marines et saumâtres, avec des ajustements possibles. Enfin, pour la Méditerranée occidentale, minée par une surpêche endémique très au-delà des


recommandations, les États ont approuvé une réduction de 9,5% de l'effort de pêche des chalutiers, tout en renforçant un mécanisme de compensation sous conditions. L'ONG


environnementale Oceana a certes salué «_un nombre plus important de quotas fixés en conformité aux avis scientifiques_», mais déploré que «_13% d'entre eux_» soient encore supérieurs


aux limites durables recommandées. «_Il est décevant de voir le feu vert donné à une surpêche irresponsable d'espèces sensibles comme le cabillaud du Cattégat et l'anguille, en


danger critique d'extinction_», a-t-elle déploré. «_Les ministres approuvent encore des quotas illégaux_» au regard des obligations de l'UE d'enrayer la surpêche, «_échouant à


prendre en compte l'impact d'un effondrement des stocks pour la santé des océans_» et l'avenir même de la pêche, abonde l'ONG ClientEarth, qui a attaqué devant la


justice européenne les quotas des dernières années.