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Rassemblant ma mise de fonds, j’ai boudé le notaire et tout investi en billets d’avion. Bye-bye Boss! Bonjour Escampette. J’ai mis le cap sur l’Australie, le Japon, le Cambodge... J’ai
voyagé longtemps, branché ma tête et mon cœur sur la même fréquence pour réduire le bruit qui me donnait le tournis. Demandez-moi si j’ai regretté... Jamais! L’immobilier s’est enflammé
depuis. Le voyage s’est démocratisé. Devant ce constat, les jeunes adultes risquent-ils davantage de tout balancer pour succomber au charme de l’étranger? Pas nécessairement, révèle un
sondage mené par Arlington Research pour le compte de FlightHub, une agence de voyages en ligne basée à Montréal. Le sondage compte 1500 répondants ayant pris l’avion au moins une fois au
cours des deux dernières années. Résultat, 32 % des répondants considèrent le voyage essentiel et 67 % indiquent qu’il s’agit d’un investissement dans leur développement personnel. À LIRE
AUSSI C’est la génération Z, née entre 1995 et 2015 environ, qui se montrerait la plus sage en matière de dépenses. Entre voyages et immobilier, elle donnerait la priorité à l’immobilier...
s’il était plus abordable. Dans le même sens, elle accorde plus d’importance aux achats matériels. Avec un salaire moins élevé, des dettes d’études dans certains cas, on peut déduire que les
priorités sont aux besoins essentiels. Mais ces données font aussi dire à Henri Chelhot, PDG de FlightHub, que l’industrie doit se mobiliser pour offrir des options de voyage adaptées à
tous les budgets, «en particulier aux jeunes générations». Mine de rien, développer un intérêt pour le voyage, c’est aussi une excellente manière d’apprendre à gérer un budget et à établir
ses priorités. Pendant que tout le monde craquait pour le nouveau iPhone, je résistais à l’appel du téléphone cellulaire. Quand les écrans plats ont envahi le marché, j’ai chéri ma
télévision cathodique... qui fonctionne encore après 20 ans. J’ai fait fi des commentaires sur mon mobilier dépareillé, assemblé par opportunité. Moins beau, mais moins cher... Les
répondants sont d’ailleurs majoritaires, au Québec, à considérer réduire les sorties au restaurant (65 %), les divertissements (51 %) et l’achat de cadeaux (50 %) pour se permettre de
voyager. Il est plutôt logique de lier ces dépenses comme des vases communicants. Mais plus de la moitié des Québécois pourraient aussi utiliser des fonds qui étaient à l’origine prévus pour
des biens matériels, question de financer une escapade à l’étranger. Pourquoi? Parce que les expériences de vie s’imposent davantage comme des sources d’accomplissement. On se rappelle que
les personnes sondées ont toutes pris l’avion au moins une fois dans les deux dernières années. Donc qu’elles ont probablement un petit penchant pour les déplacements longue distance.
N’empêche, parmi les Québécois, elles sont plus nombreuses (58 %) à voir le voyage comme un accomplissement de vie important que l’accession à la propriété (53 %) ou avoir un revenu élevé
(41 %). Une partie de moi se demande si l’accomplissement, parfois, c’est de «flasher» ses photos de Bali au visage d’une cousine qui vous dira à quel point vous êtes «chanceux» de mener la
vie que vous menez. Une autre partie de moi mise sur la découverte de soi, la capacité de surmonter des défis linguistiques, financiers et culturels. On apprend à se débrouiller quand on a
pris un train dans la mauvaise direction à défaut de savoir lire les horaires. On apprend la bienveillance quand un étranger nous tend la main pour nous venir en aide. On apprend le
dépassement quand on dompte une randonnée en même temps qu’on découvre des trésors archéologiques dans une jungle isolée du reste du monde. > «Voyager n’est plus seulement un loisir:
c’est devenu un levier > important pour le développement personnel, l’exploration et la > création de souvenirs.» > — Henri Chelhot Les souvenirs! C’est bien là une motivation
quand sonne l’heure des choix. Qu’est-ce qui définira mon bonheur dans 10, 20 ans? À cette question me revient justement un souvenir... Dans un restaurant islandais où nous n’étions que
quatre clients, mon voisin de table, la chevelure blanchie par les années, avait tellement d’aventures de voyage à raconter qu’il ne prenait plus le temps de les entrecouper par quelques
bouchées. Sa conjointe, en posant une main sur la sienne, avait essayé de le ramener à l’ordre: «Peut-être que les autres aussi aimeraient placer un mot.» Ma complice du moment, devant moi,
m’avait décoché un clin d’œil. Un de ces jours, quand le temps m’aurait pris autant d’années qu’à ce sympathique étranger, c’est moi qu’elle visualisait déblatérer comme un dictaphone.
L’Islande par ci. Le Pérou par là. Pas choquant, me suis-je dit. N’empêche, pour se rendre là, encore faut-il être un peu responsable. Si les voyages sont une priorité pour 58 % des
Canadiens, ce divertissement vient après l’épargne pour la retraite (70 %), l’achat d’une propriété (66 %) et le remboursement des dettes (62 %). L’achat d’une voiture vient plus loin, une
priorité pour seulement 32 % des répondants. «Le rêve classique de la maison avec jardin et clôture blanche ne semble plus faire l’unanimité: les voyages rivalisent désormais avec l’achat
d’une propriété comme une étape importante de la vie», résume encore FlightHub dans la présentation des résultats du sondage. Comme quoi on peut investir dans la mobilité et dans
l’immobilier en parallèle, si on se donne des priorités et un peu temps pour tout coordonner. Mine de rien, j’aurai fini par l’acheter cette maison. Dix ans plus tard. Mais voyager m’aura
permis de réévaluer mes besoins... et de me donner la maturité de choisir un bien meilleur courtier.