Inquiéter les patients n’est pas une bonne idée

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Pire encore, la population a été utilisée et insécurisée par certains médecins de famille. On apprenait plus tôt cette semaine que des cliniques ont écrit à leurs patients pour les informer


des dangers du projet de loi 106. Le gros morceau de ce projet de loi du ministre de la Santé Christian Dubé est de changer le mode de rémunération des médecins en liant une partie de leur


salaire à leur performance. Une telle réforme forcerait des départs à la retraite, moins de prise en charge, voire la fermeture de cliniques, soutiennent des médecins dans des lettres


alarmantes envoyées à leurs patients. À LIRE AUSSI Une clinique de Chambly insistait sur le fameux «code de couleurs» que prévoit le projet de loi en fonction de l’état du patient. Ce type


de priorisation «signifie que votre accès à votre médecin de famille pourrait être compromis», a écrit une clinique citée par le_ Journal de Québec_. Autre exemple, une clinique de


Saint-Jean-sur-Richelieu, affirmait que des médecins pourraient partir à la retraite en raison du projet de loi 106. «Il est important pour nous de vous en informer, car ces décisions


pourraient vous toucher directement, peut-on lire dans la missive citée par _La Presse _mardi. Si le projet de loi est adopté et qu’un médecin devait cesser sa pratique, nous nous engageons


à vous en aviser dans un délai de trois mois.» > Sous cette apparente volonté bienveillante d’informer les > patients se cache plutôt une déplorable politisation du débat par > des 


médecins qui paraissent bien mal dans la manœuvre. Les médecins avaient jusqu’ici marqué des points depuis le début des audiences sur le projet de loi en Commission parlementaire à


l’Assemblée nationale. Certains venus témoigner de la réalité de leur pratique, du manque de professionnels pour les entourer ou de leur charge de travail arrivaient à faire comprendre ce


qui les dérange autant dans ce projet de loi. Mais l’envoi de lettres a fait tourner le vent. Et pas à leur avantage. «IRRESPONSABLE» Tout le monde a déploré la façon de faire. François


Legault a parlé de manoeuvre «irresponsable», son ministre Dubé a parlé de «menaces». Le député péquiste Pascal Paradis a évoqué une «instrumentalisation» des patients, Vincent Marissal de


Québec solidaire a pour sa part dit que «toute tactique de désinformation est condamnable» et parlé de patients pris en «otage». Pour le libéral André Fortin, la pratique d’écrire de telles


lettres est «limite éthique». lls ont tous raison. Les médecins qui ont écrit à leurs patients doivent arrêter cette pratique et se rétracter. > Le Collège des médecins n’aime pas du tout


 ça non plus. Malgré > son opposition au projet de loi, l’ordre professionnel a demandé > à ses membres de cesser de véhiculer de telles informations par > lettre. Seule bonne


nouvelle dans ce duel : après des rumeurs persistantes, le ministre Dubé a assuré mardi que le controversé projet de loi ne sera pas adopté sous bâillon d’ici la fin de la session le 6 juin.


Voir le gouvernement Legault brusquer ce projet de loi arrivé un peu par surprise adopté de manière aussi frontale aurait miné encore plus le climat difficile des négociations qui se


poursuivent en parallèle du projet de loi. La population doit impérativement revenir au coeur des échanges et ne pas faire davantage les frais d’une escalade déjà passablement amorcée. POUR


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