Le suntory hall de tokyo ou l’art de la perfection

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Il s’agit de la première salle de concerts classiques de Tokyo entièrement dédiée à ce genre musical. De façon générale, la grande salle du Suntory Hall impressionne par son acoustique et


une réverbération quasi parfaite. Parce qu’il y a aussi une petite salle qui peut contenir entre 384 et 432 sièges, selon la configuration, qui a été entièrement rénovée en 2007 et


rebaptisée _Blue Rose_ en honneur à la rose bleue qui a été développée par la compagnie Suntory et la firme australienne Florigene en 2004. Mais revenons à la salle principale qui, elle,


accueille 2006 spectateurs répartis sur deux étages. Quant à la scène, les musiciens profitent d’un espace de 250 mètres carrés. Fait à souligner, l’orgue qui trône dans cette salle de


concert a été conçu et construit par le manufacturier autrichien Rieger Orgelbau, Il possède 74 jeux et 5898 tuyaux répartis sur quatre claviers et un pédalier. Le Suntory Hall a été


construit notamment pour souligner les 60 ans de la production de whisky de son commanditaire. La firme Suntory est la plus ancienne (1899) société de fabrication et de distribution d’alcool


au Japon. Au fil des décennies, elle a largement diversifié ses opérations, notamment en faisant plus récemment l’acquisition de Orangina Schweppes en 2009 et ensuite l’américaine Beam en


2014. LA MECQUE DE LA MUSIQUE CLASSIQUE Nul doute que le Suntory Hall fait le bonheur de tous les musiciens qui ont foulé sa scène. Cette semaine, ceux de l’Orchestre du Centre national des


arts (OCNA) ont pu le constater alors qu’ils ont offert un concert dans le cadre de la tournée de l’OCNA en Asie. Ce premier concert au Japon en 40 ans a permis à l’Orchestre d’inscrire son


nom sur la marquise du Suntory Hall à côté des plus grands ensembles symphoniques du monde. « C’est une chance absolument unique de jouer dans cette grande salle et surtout devant un public


aussi connaisseur que les Japonais, a confié le maestro Alexander Shelley, quelques heures avant de monter sur scène. La réputation internationale de qualité du Suntory Hall est en grande


partie due à la qualité de son acoustique et la convivialité de ses installations. Ce n’est pas pour rien que les plus grands orchestres s’y sont produits ou rêvent de le faire. Pour moi,


c’est une case dans ma _bucket list_ que je vais cocher ce soir (mardi) ». Même son de cloche pour les musiciens canadiens qui feront entendre leur instrument pour la première fois dans


cette salle. « Ce qu’il y a de particulier ici, c’est la pureté du son lorsqu’on est sur scène, explique le Montréalais Louis-Pierre Bergeron, quatrième corniste de l’OCNA. On a l’impression


qu’on peut entendre tous les instruments de l’orchestre. Que chaque collègue est tout près de nous. C’est absolument fantastique. Je n’ai jamais vécu ce genre d’expérience sur scène. » La


violoniste Marjolaine Lambert abonde dans le même sens que son ami et collègue musicien. Pour elle, avoir la chance de jouer au Suntory Hall est l’expérience d’une vie. Comme son maestro,


elle a pu réaliser un rêve. «Je crois que tous les musiciens classiques rêvent d’avoir cette chance au moins une fois dans leur carrière, confie la musicienne originaire de Joliette. Bien


sûr, on connait tous Carnegie Hall ou même la Maison symphonique à Montréal. Mais pouvoir venir à Tokyo, avec un orchestre du calibre de l’OCNA, et interpréter de grandes œuvres dans cette


salle pour ce public de connaisseurs, c’est incroyable. Je me pince encore pour voir si je ne rêve pas.» LE CONCERT Le maestro Alexander Shelley avait proposé un programme tout à fait


approprié pour ce concert qui lançait la tournée japonaise. Après avoir interprété les hymnes nationaux, Shelley et ses musiciens ont interprété _Listening Underwater_, de la compositrice


canado-japonaise Keiko Devaux, qui était sur place pour entendre l’Orchestre faire vibrer sa composition dans ces illustres murs. Après quelques minutes de pause le temps d’installer le


piano de concert, la soliste Olga Scheps a posé ses doigts sur les touches du magnifique Steinway pour interpréter le _Concerto pour piano no.2 en Do mineur, Op.18_ de Rachmaninov. Mme


Scheps a démontré sa grande virtuosité avec élégance, grâce et passion, ce qui lui a d’ailleurs valu plusieurs rappels. Le retour de l’entracte fut encore plus éloquent pour l’OCNA qui a


démontré encore toute sa puissance et son énergie sur la _Symphonie No.5 en Do mineur, Op.67_ de Beethoven. Il est clair que l’Orchestre du CNA est le reflet de la personnalité de son chef.


La passion, la joie et l’humanisme d’Alexander Shelley sont aussi des qualités vibrantes qui émanent de chaque musicien de cet ensemble qui, à notre avis, se positionne de plus en plus parmi


les plus compétents du monde symphonique. Il y avait beaucoup de fierté au sein de la délégation canadienne, après le concert. LA SUITE L’Orchestre du Centre national des arts continue donc


sa tournée asiatique amorcée la semaine dernière en Corée du Sud. Mercredi, le quatuor à cordes de l’Orchestre et le quatuor à cordes Affinis s’installeront au Théâtre Oscar Peterson pour


un récital à l’Ambassade du Canada à Tokyo. Par la suite, l’OCNA est attendu à Osaka pour un premier concert qui rendra hommage à l’œuvre d’Oscar Peterson dont on célèbre cette année le 100e


anniversaire de sa naissance. Pour l’occasion, l’Orchestre sera accompagné du Oscar Peterson Centennial Quartet sur la scène Shining Hat de l’Expo 2025 d’Osaka. La tournée prendra fin avec


un grand concert au Symphony Hall d’Osaka le samedi 7 juin. _NDLR: Les coûts de ce voyage en Corée du Sud et au Japon permettant la réalisation de ce reportage ont été défrayés par le Centre


national des arts._