«dôme d’or»: le canada en pourparlers avec washington

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En conférence de presse sur la Colline du Parlement en fin de journée, Mark Carney a indiqué que participer au «Dôme d’or» était une bonne idée pour protéger les Canadiens de tirs de


missiles. «Il y a de vraies menaces pour le Canada», a-t-il prévenu. Il a précisé que des discussions de haut niveau étaient en cours, mais n’a pas fourni de chiffre quant à la contribution


potentielle du Canada au projet. Il a déclaré aux journalistes que le Canada était conscient de sa capacité à achever le «Dôme d’or» grâce à des investissements et à des partenariats. Il a


précisé qu’il s’agissait de décisions militaires et que le gouvernement «évaluerait les choses en conséquence». Ces commentaires font suite à la déclaration de Trump, la veille, selon


laquelle le gouvernement canadien avait contacté son administration pour lui faire part de son souhait de participer au projet et qu’il travaillerait avec Ottawa pour s’assurer qu’il apporte


sa «juste part» au programme dont le coût est évalué à 175 milliards $ US (243,5 milliards $ CAN). > «Le Canada nous a contactés et souhaite y participer, a dit M. > Trump. Nous 


discutons avec eux des prix. Ils sont très au > courant.» Pour ce qui est de savoir si c’est effectivement le Canada qui a sollicité les États-Unis pour participer, le premier ministre a


simplement dit que les discussions étaient en cours depuis plusieurs années entre les officiels des deux pays et qu’il en avait parlé avec M. Trump. DU DÉJÀ-VU Si tout cela semble familier,


c’est parce que le Canada s’est déjà retrouvé à la croisée des chemins. Frank McKenna a ressenti un sentiment de déjà-vu mardi lorsque le président américain a affirmé que le Canada


souhaitait participer au programme. L’ancien ambassadeur du Canada aux États-Unis a confié à La Presse Canadienne qu’il se souvenait parfaitement d’être entré lors d’une audience d’un comité


à Ottawa il y a vingt ans, au moment même où le ministre des Affaires étrangères tentait de l’avertir, lors d’un appel à l’étranger, que le premier ministre de l’époque, Paul Martin, avait


décidé de ne pas se joindre aux États-Unis dans leurs projets de défense antimissile balistique. Mais M. McKenna a nié que l’appel ait eu lieu et, lorsqu’il a parlé à l’audience, il a


déclaré que le Canada était «plus ou moins impliqué» dans le projet – une déclaration qui a rapidement dégénéré en un sujet politique brûlant. Il a expliqué que cela avait compliqué les


relations du Canada avec les États-Unis à l’époque et suscité un débat politique houleux au pays. «Franchement, plusieurs membres de mon équipe estimaient que nous devrions trouver des


moyens d’obtenir un accord avec les Américains sur certains points, car nous avions de nombreux points sur lesquels nous étions hors jeu. Nous nous disputions sur le bois d’œuvre et sur


d’autres sujets», a-t-il raconté. «Mon équipe et moi-même pensions que cela aurait été facile pour le Canada, mais cela a suscité une forte hostilité de l’opinion publique canadienne et est


devenu très toxique.» Aujourd’hui, l’adhésion à la défense balistique américaine est à nouveau au premier plan. «Le fait que le Canada semble réellement participer aux discussions m’a donné


une certaine justification», a confié Frank McKenna. Il a mentionné que le nouveau projet de défense de M. Trump pourrait contribuer à résoudre certains des problèmes commerciaux du Canada


avec les États-Unis, alors qu’Ottawa cherche à réduire les droits de douane et à renégocier son accord commercial trilatéral avec les États-Unis et le Mexique. «Nous n’avons pas besoin de


prendre de décision pour l’instant, mais nous devons engager le dialogue et en discuter», a-t-il estimé. «Cela devrait également s’inscrire dans une discussion plus large, et non ponctuelle,


afin que les États-Unis le perçoivent comme une concession de notre part si nous devions finalement participer au bouclier de défense.» BESOIN D’UNE DÉCISION RAPIDE Le directeur d’un groupe


de réflexion sur la défense basé à Ottawa a toutefois jugé que, si le Canada souhaite adhérer pleinement au «Dôme d’or» de Donald Trump, il devrait prendre sa décision rapidement.


«L’histoire du Canada en matière de défense antimissile montre que nous avons tendance à repousser les décisions et à ne jamais les prendre», a raconté David Perry, président de l’Institut


canadien des affaires mondiales. «Mais si nous voulons participer pleinement au processus, alors que celui-ci est en cours de définition et de configuration, nous devons prendre une décision


rapidement. Le Canada contribue à la défense continentale par l’intermédiaire du Commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord (NORAD) en surveillant et en détectant les


menaces, laissant aux Américains le soin de prendre les décisions concernant les tirs de missiles balistiques. M. Perry a déclaré que l’atermoiement du Canada en matière de défense


balistique a rendu son implication plus difficile aujourd’hui. «Pourquoi diable n’avons-nous pas agi ainsi sous l’administration Biden? Cela me dépasse. Le moment aurait été bien plus


opportun pour discuter d’une collaboration avec les États-Unis, surtout lorsque le président est venu annoncer ses plans de modernisation du NORAD», a-t-il soutenu. Il a ajouté qu’en raison


du «non» initial du Canada à l’administration George Bush en 2005, le Commandement Nord des États-Unis est l’entité responsable de la neutralisation des missiles. «Notre refus a compliqué


l’implication potentielle du NORAD, qui serait l’organisation la plus judicieuse pour gérer toutes ces questions. Mais les États-Unis ne peuvent pas le faire, car le Canada refuse depuis 20


ans de s’occuper de la défense pour ce type spécifique de missile», a-t-il dit. «Je ne sais pas si les gens comprennent vraiment à quel point il est illogique de décider que l’on accepterait


que le Parlement soit détruit, pourvu qu’il s’agisse d’un type particulier de missile qui fait bang sur la Tour de la Paix.»