Shanghai media group : le plus capitaliste des groupes audiovisuels chinois

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En moins d'une décennie, Shanghai Media Group s'est imposé comme un géant dans tous les secteurs de l'audiovisuel et des médias au niveau national, avec une dynamique


tentaculaire favorisant le développement mondial du groupe chinois. Pierre-Yves Lochon Publié le 11 mars 2011 Second opérateur audiovisuel chinois, Shanghai Media Gr oup dépend directement


du gouvernement de Shanghai, qui lui a accordé en 2002 le monopole de la diffusion radiophonique et télévisuelle de la principale mégapole chinoise. Avec l’accord de son autorité de tutelle


et sous la houlette de Li Ruigang, son nouveau patron, le plus capitaliste des groupes audiovisuels chinois a multiplié les partenariats pour se développer dans les technologies de


l’information et de la communication ainsi que dans la production de contenus. Désormais entré (partiellement) en bourse, il s’apprête aujourd’hui à investir à l’étranger pour devenir


l’interlocuteur privilégié des groupes étrangers désireux de pénétrer le si prometteur marché audiovisuel chinois. Dans un marché audiovisuel chinois fortement atomisé (plus de 4 000


chaînes) mais en croissance exponentielle, Shanghai Media Group jouit d’une position centrale. Son influence dépasse le cadre de ses chaînes et de ses activités de production. UNE FILIALE DU


PREMIER GROUPE MÉDIA CHINOIS Shanghai Media Group est né en janvier 2002 de la fusion de plusieurs sociétés ou administrations, éditrices de chaines de télévisions et stations de radio de


Shanghai, six mois après la création de sa maison mère, Shanghai Media Entertainment Group (SMEG). SMEG, premier groupe media chinois (avec plus de 12 000 salariés), est présent dans


quasiment tous les secteurs des médias, de la communication et du divertissement. Les activités de ses 3 principales filiales (SMG, Shanghai Film Group et SMEG Performing Arts) incluent


notamment la production et la diffusion, quel que soit le support physique ou numérique, dans tous les médias (radio, TV, cinéma et presse) et dans le sport. Une autre société est


partiellement entrée à la bourse de Shanghai : Pearl Tower (à la fois tour de diffusion radio/TV et l’un des premiers lieux de visite à Shanghai). LES ACTIVITÉS TENTACULAIRES DE SMEG SMEG,


comme SMG et SFG, sont des sociétés à capital uniquement public placées sous l’autorité du gouvernement de Shanghai. Elles constituent une galaxie tentaculaire dont le chiffre d’affaires et


les résultats sont jalousement tenus secrets, depuis près de 10 ans. En 2003, SMEG et son « actionnaire-tutelle », le gouvernement de Shanghai, ont décidé de mettre à la tête de Shanghai


Media Group un Shanghaien de 37 ans, journaliste à Shanghai TV, anglophone et diplômé de l’université de Columbia. Le choix et surtout les résultats se sont très rapidement avérés


révolutionnaires. En l’espace de quelques années, à coup d’innovations et de partenariats, Li Ruigang a métamorphosé le groupe en le sortant de ses secteurs historiques et de ses frontières


naturelles. Ce n’est plus uniquement un simple diffuseur radio et TV. Sa sphère d’influence dépasse désormais la région de Shanghai et atteint la Chine, l’Asie et même le monde. À l’image de


sa ville, SMG se veut conquérante. La feuille de route imposée à son président est simple : faire de SMG l’un des premiers groupes médias chinois et mondiaux. Lors d’une conférence de


presse en juillet 2009, Li Ruigang résumait ainsi sa stratégie « il est temps de transformer SMG, du local au national, de la télévision au multimédia » (On Screen Asia, 1 août 2009). L’ORTF


DE SHANGHAI, EN VERSION DIGITALE En Chine, la diffusion radio et TV reste un monopole d’État : seules des sociétés nationales comme la CCTV (pour la TV) et CRTV (pour la radio), et des


sociétés locales ou régionales peuvent donc exploiter des chaînes. À l’instar de l’ORTF en France, SMG a le monopole pour les 16 millions d’habitants de Shanghai et de sa région, la capitale


économique de la Chine. SMG édite ainsi : * 10 chaînes TV analogiques régionales, 3 chaînes TV nationales, 90 chaînes TV numériques régionales et nationales qui représentent 65 à 70 % de


l’audience TV à Shanghai (tableau 2) LES CHAÎNES TV (ANALOGIQUES) EXPLOITÉES PAR SMG * 10 radios analogiques régionales et 20 radios numériques régionales et nationales (plus de 90 % de


l’audience radio locale) LES STATIONS RADIO ANALOGIQUES EXPLOITÉES PAR SMG Sur l’ensemble de ses antennes, SMG diffuse chaque jour 252 heures de programmes TV et 234 heures de programmes


radio. 60 % des programmes de ses chaînes TV et 95 % de ses contenus radio sont encore produits en interne. SMG est également propriétaire de 5 équipes de sport et de leurs lieux


d’entraînement, de deux magazines, de nombreux sites Web (dont Eastday, l’un des 10 premiers sites Web chinois). Il est enfin l’un des 3 actionnaires du réseau câblé de Shanghai et le


premier actionnaire de la Shanghai Pearl Tower, centre de diffusion hertzien et emblème de Shanghai, autant d’activités qui emploient plus de 6 000 collaborateurs. PLUS DE 40 PARTENARIATS EN


7 ANS S’appuyant sur son monopole, ses équipes et ses activités historiques, Lui Ruigang a transformé SMG par la technologie et les partenariats. Attirés par le dynamisme économique de


Shanghai, séduits par l’équipe rajeunie de SMG et parfois effrayés par le caractère trop bureaucratique et politique de la CCTV, les principaux groupes mondiaux des secteurs de la


communication et de la technologie ont visité Shanghai, rencontré les dirigeants de SMG et conclu des accords plus ou moins ambitieux. Entre 2003 et 2010, SMG a signé plus de 40 accords de


coopération. Et comme le reconnaissait Li Ruigang en 2006 « quand vous avez des centaines de partenaires, vous apprenez d’eux des centaines de choses ». C’est en s’appuyant largement sur ces


partenariats que la nouvelle équipe de SMG s’est attelée à ses 3 chantiers prioritaires : les contenus, l’international et surtout la technologie. LE PARI DE LA TÉLÉVISION PAR INTERNET Dès


son arrivée, le nouveau président connaissait les attentes de Pékin : la Chine abandonnera la diffusion TV analogique en 2015. Les premiers pas encourageants de Now / PCCW à Hong Kong lui


ont permis d’imaginer le potentiel de la télévision sur Internet (IPTV) et l’ont incité à lancer son groupe dans cette nouvelle bataille. Son plan s’est déroulé en 3 phases : multiplier les


accords de coopération technologique (avec Alcatel, Intel et Microsoft notamment) pour apprendre très vite le fonctionnement de l’IPTV, convaincre le gouvernement chinois de lui accorder une


première licence expérimentale (obtenue en mai 2005) et s’associer avec le premier opérateur télécom pour lancer très vite une expérimentation (en juin 2005, à Harbin, avec China Telecom).


Cinq ans plus tard, SMG via sa filiale BesTV, était le premier opérateur IPTV en Chine (3 millions d’abonnés) et Shanghai la première ville chinoise par le nombre d’abonnés (plus d’un


million sur un marché national de 5 millions). Le choix de l’IPTV a entraîné une victime indirecte : le réseau câblé de Shanghai, dont SMG est l’un des 3 actionnaires. Premier réseau câblé


municipal en Chine et dans le monde (avec près de 5 millions de foyers abonnés), Oriental Cable est également celui qui enregistre l’une des plus faibles conversions numériques avec moins de


1,5 million de foyers (moins de 30 %). Opportuniste, SMG a pourtant créé l’une des deux plateformes nationales de chaînes payantes numériques distribuées par les réseaux câblés du pays.


L’objectif était d’apporter de nouvelles chaînes (60) aux foyers câblés équipés d’un décodeur numérique, soit plus de 70 millions de foyers en juin 2010 (40 % des 173 millions de foyers


abonnés au câble). Moins de 3 mois après le lancement de la TV sur Internet, SMG a également lancé la première expérimentation chinoise de TV sur mobile, en s’associant avec l’opérateur


leader, China Mobile. Le groupe a aussi fortement développé la diffusion de ses contenus sur l’Internet haut débit, notamment avec le soutien d’Intel qui a investi 12 millions de dollars


dans le développement logiciel pour SMG Broadband. SMG est ainsi devenu le principal agrégateur et fournisseur de contenus TV sur tous les supports. Cela lui permet d’exercer une position


centrale stratégique dans la distribution des contenus non seulement chinois mais également étrangers. Il devient ainsi le point de passage obligé pour toucher les Chinois quel que soit le


mode de réception de la télévision. La distribution TV en Chine _Source : Sarft, Media Partners Asia, Sinapses Asia ltd_ DES PROGRAMMES PLUS ATTRACTIFS POUR TOUS LES RÉSEAUX Afin d’alimenter


tous ces nouveaux réseaux et justifier le paiement d’un abonnement supérieur (6 dollars par mois pour le bouquet IPTV contre 3 pour le câble analogique), SMG savait qu’il devait améliorer


son offre de contenus attractifs et ne pas seulement puiser dans ses productions propres. La coopération avec les fournisseurs internationaux de contenus s’est donc avérée indispensable. Au


fil des années, elle a pris différentes formes. Quelques mois après son arrivée en 2004, Li Ruigang s’est engouffré dans la brèche ouverte par Pékin, qui venait d’autoriser la création de


sociétés communes de production TV avec des groupes étrangers ne dépassant pas 50% du capital. SMG a très vite signé un accord avec Viacom pour la production de programmes jeunesse et


musique et le lancement d’une chaîne jeunesse, mais la société (détenue à 25 % par Viacom) n’a finalisé aucun projet. Effrayé par la déferlante des américains Warner, Disney, News Corp et


Viacom, le SARFT (autorité chinoise de régulation audiovisuelle) a refermé la porte qu’il avait entrouverte quelques mois plus tôt. L’heure est aux accords moins globaux et surtout moins


visibles. SMG s’est alors associé à des groupes étrangers pour avancer dans trois directions. Pour échanger des contenus, SMG s’est rapproché de CNBC et Sky News Australia pour sa chaîne


financière CBN, avec Australia Network pour sa chaîne en anglais ICS. Pour acquérir des programmes forts, SMG a noué des accords avec NBC pour ICS, avec Discovery pour sa chaîne


documentaire, avec la NBA et MLB pour les matchs américains de baseball et de basketball, avec la FIFA pour diffuser la Coupe du monde du football sur Internet et les mobiles, avec les


studios américains pour diffuser leurs films en VOD sur Internet. Pour coproduire des programmes ou les versions chinoises de formats internationaux, SMG traite avec plusieurs partenaires :


Televisa et MBC pour des séries, Discovery et Nat Geo pour des documentaires, Disney pour la série Amazing Race. SMG s’est également mis à coproduire des long-métrages avec Disney (version


chinoise de High School Musical) et le Japonais Tôei. Entre technologie et services, SMG a également lancé en 2004 Oriental Shopping Channel (« Dong Fang CJ »), première chaîne chinoise de


téléachat associée au Coréen CJ Shopping qui détient 30 % du capital. La chaîne – titulaire de la seule licence nationale de téléachat – est maintenant reçue dans plus de 10 millions de


foyers chinois. CAP SUR LA CHINE ET SUR L’INTERNATIONAL SMG veut atteindre un public extérieur à la mégapole de Shanghai et souhaite diffuser ses chaînes et ses contenus bien au-delà des ses


frontières locales. Son marché est dorénavant la Chine et le monde. En augmentant son budget programmes et en achetant des formats populaires à l’étranger (Star Academy, séries américaines


ou mexicaines), la chaîne généraliste de SMG, Dragon TV, a étendu sa réception à plus de 700 millions de foyers chinois et accru son audience nationale. Elle se situe maintenant dans le


peloton de tête des chaînes nationales d’origine régionale aux côtés de Hunan TV (le producteur-diffuseur des versions chinoises de « Pop Idol » et d’ « Ugly Betty »). Déjà diffusée à Hong


Kong, au Japon, aux États-Unis et en Europe, Dragon TV est ainsi armée pour mieux s’exporter en Asie et dans le monde, notamment auprès de la diaspora chinoise. Pour capitaliser sur la


consommation vidéo croissante des plus jeunes sur le Web (près de 300 millions d’internautes chinois regardent ou visionnent régulièrement de la vidéo en ligne), SMG a multiplié les


partenariats avec les opérateurs de sites Web en mettant à leur disposition une partie de ses programmes, en créant des opérations Web relai pour certaines de ses émissions (notamment de


téléréalité) voire même en (co)produisant avec eux des contenus inédits (séries). En 2008, SMG a transformé sa chaîne musique en une chaîne généraliste en anglais (avec sous-titrages


chinois). International Channel Shanghai / ICS vient ainsi concurrencer CCTV9, qui était jusque-là la seule chaîne en anglais diffusée sur l’ensemble du territoire. Enrichie par des


programmes internationaux, notamment de NBC, ICS peut être la tête de pont – en anglais – de SMG en Asie, en Europe et en Amérique. Pour mieux diffuser ses contenus à l’étranger, SMG s’est


également associée à AOL aux États Unis et à Orange en Europe. Le groupe a également créé, en 2004, Wings media, une filiale dédiée à la vente de ses catalogues sur le marché mondial. En


2010, cette dernière a coproduit avec National Geographic un premier documentaire international sur l’histoire et les rénovations récentes du Bund, le célèbre boulevard de Shanghai. UNE


STRATÉGIE VALIDÉE ET AMPLIFIÉE Après 6 années de mise en œuvre réussie, la stratégie du président Ruigang a fait l’objet d’une triple validation par le gouvernement : technique, commerciale


et capitalistique. En ce qui concerne la technique, le gouvernement chinois a lancé en juillet 2010, son programme « convergence » qui vise à rapprocher TV, téléphonie mobile et Internet.


Shanghai a été choisie comme l’une des villes pilotes et, en août 2010, SMG a reçu ses propres licences TV sur Internet et TV sur mobile. S’agissant du développement international, 45


milliards de yuans (5 milliards d'euros) ont été affectés en 2009 à l'expansion des grands médias chinois. À l’image de l'agence Chine nouvelle qui a créé en juillet une


version chinoise de CNN , baptisée CNC World, en anglais, les groupes de presse et d’audiovisuel (dont SMG) sont incités et soutenus pour sortir de leurs frontières. La stratégie du « soft


power » comme le désigne le président chinois. À propos de l’évolution capitalistique, le gouvernement chinois a incité en 2009 et à nouveau en 2010 les sociétés de production TV et même des


sites d’informations (comme Eastday) à se restructurer et à ouvrir leur capital. Les autorités centrales ont même protégé SMG et sa concurrente nationale, la CCTV, en empêchant la création


d’un géant des nouveaux écrans, de surcroît privé. Le projet de fusion entre Sina (premier portail Web, de plus en plus présent sur la diffusion vidéo) et Focus Media (qui exploite des


milliers d’écrans plats dans les lieux publics regardés par plus de 100 millions de Chinois chaque jour) a été bloqué au début de l’année 2010. La capitalisation boursière cumulée des deux


sociétés privées (cotées à la bourse de HK et NY) aurait dépassé les 6,5 milliards de dollars. UNE RÉORGANISATION EN DEUX ÉTAPES POUR PRÉPARER L’ENTRÉE EN BOURSE Dans la perspective de son


introduction en bourse, SMG s’est complètement réorganisé en 8 unités « contenus » qui peuvent gérer de manière transversale des médias différents : finance, sports, mode et tendances,


documentaire, fiction et cinéma, enfant et animation, téléachat et informations. Ainsi, l’unité « info économique et financière » gère la chaîne TV et la station radio mais aussi le


magazine, le site Web, les évènements. Cette réorganisation du groupe a franchi une nouvelle étape. Seule manière, selon Lui Ruigang, de « contourner les obstacles politico-administratifs à


l’entrée en bourse » (On Screen Asia, 1 août 2009), SMG a annoncé en octobre 2009 que sa tutelle nationale avait accepté le principe de la séparation du groupe en deux entités : * La


production des contenus d’information, la technologie et les fonctions de service public sortiront de SMG pour être rassemblées dans la structure « Shanghai Radio & Tv » dont le


gouvernement de Shanghai conservera l’intégralité du capital. * Les unités thématiques (hors news), la régie publicitaire, les activités de ventes et de téléachat resteront au sein d’une


nouvelle « SMG » rebaptisée Shanghai Oriental Media Group et pourront faire l’objet d’ouverture de capital « par tiroir ». Le résultat de cette restructuration est une nouvelle organisation


du groupe et surtout une nouvelle relation entre le groupe remodelé et sa tutelle, le gouvernement municipal de Shanghai. La nouvelle organisation de SMG Source : Caijing.com / 6 novembre


2009 UN PREMIER PAS EN BOURSE Réorganisé, le groupe SMG commence son entrée en bourse. Et son équipe dirigeante s’y est préparée avec détermination. Les pôles prioritaires pour une ouverture


de leur capital semblent être : * La plateforme IPTV (dont un industriel détient déjà 40 % du capital) ; * « EnjoyYoung », la « marque jeune » qui réunit la chaîne Young, un site Web et la


version chinoise du magazine britannique OK ; * « Toonmax » qui réunit deux chaînes, les activités de production, coproduction et licence dans le secteur jeunesse / animation ; * Oriental


shopping, le service de téléachat ; * Greatsports, l’unité sport ; * CBN, le producteur – diffuseur pluri-médias d’informations économiques et financières (même si cette dernière section


semble encore trop sensible éditorialement pour être ouverte à des capitaux extérieurs). En août 2009, Lui Ruigang affirmait : « la cotation de SMG est définitivement notre ambition et une


de mes obsessions » (New York Times, 5 octobre 2009). Et le président d’ajouter « SMG deviendra ainsi un exemple pour l’industrie chinoise des médias » (Asia Media Journal, 15 septembre


2010). Un an plus tard, le 12 juillet 2010, SMG a déposé sa première demande d’introduction en bourse et annoncé la première cotation à la fin 2010 ou au début 2011. En janvier 2011, SMG a


annoncé un premier pas à la bourse de Shanghai. Le groupe va racheter 37% du capital de SVA Information Industry (pour 300 millions de dollars). SVA I.I rachètera 2 filiales technologiques


de SMG (dont l’opérateur IPTV BesTV) pour 185 millions de dollars et revendra ses activités historiques non TV pour près de 500 millions de dollars. À l’issue de cette pirouette financière


autorisée par Shanghai et Pékin SMG deviendra le premier actionnaire d’une société technologique cotée à la bourse de Shanghai et valorisée à plus de 650 millions de dollars. Un véhicule


idéal pour développer ses activités technologiques et acquérir d’autres acteurs du secteur. TRANSPARENCE FINANCIÈRE NÉCESSAIRE Pour rassurer les futurs investisseurs, SMG doit améliorer sa


transparence financière ou au moins dévoiler une partie de ses comptes. Ses revenus sont ainsi passés de 1,8 milliard de Yuan en 2001 à 7,5 milliards de Yuan (1,1 milliard de dollars) en


2009. Et pour la première fois, le groupe audiovisuel a révélé des bénéfices de 100 millions de dollars en 2009. Soit une marge de 10 % qui ne peut qu’augmenter avec la croissance


exponentielle du marché publicitaire et de l’économie chinoise en général. Sur la même période, la répartition des revenus du groupe a subi une forte évolution : 93 % des revenus globaux


provenaient de la publicité en 2001 contre 82 % en 2005 et 75 % en 2009. Le solde est généré par le téléachat, les ventes de programmes et autres activités commerciales. Par cette


diversification réussie et qui ne peut qu’augmenter, SMG s’assure un développement plus harmonieux. C’est avant tout pour mieux tirer profit de la croissance exponentielle (16 % en 2010) du


marché publicitaire chinois et de la très forte part de la télévision dans les dépenses publicitaires (plus de 62 %) que SMG doit se mettre rapidement en ordre de bataille et proposer de


nouveaux contenus, supports et services aux annonceurs. C’est aussi le seul moyen de contrecarrer la position forte de son principal concurrent, la CCTV, qui attire 10 à 15 % des


investissements publicitaires TV en Chine. Réorganisé, diversifié et consolidé par de l’argent frais des investisseurs boursiers, SMG peut également partir à la conquête du monde.


L’évolution du marché publicitaire chinois _Source : Group M China / China Media Forecasts / Octobre 2010_ CMC ET SMG À LA CONQUÊTE DU MONDE Le 10 août 2010, le paysage audiovisuel chinois a


subi un « mini-séisme ». Après les avoir financé à pertes pendant près de 15 ans, Rupert Murdoch a cédé le contrôle de ses 3 chaînes chinoises et de son catalogue de films à CMS, le fonds


souverain dédié aux médias, créé en avril 2009, et présidé par le président de SMG. Avec le rachat de Xing Kong et Xing Kong International (les deux chaînes généralistes), de Channel V (la


chaîne musicale) et des 750 long-métrages, China Media Capital a ainsi réalisé sa première opération. Comme l’explique Li Ruigang « cet achat est purement financier et le fond va continuer à


investir dans les médias en Chine et à l’étranger ». (Communiqué de presse, Reuters, 9 août 2010). Un mois plus tard, des informations parues dans la presse de Hong-Kong et de Shanghai


(Shanghai Daily, 30 septembre 2010) faisaient état d’une offre de rachat de TVB (premier diffuseur hertzien de Hong Kong avec 75 % de l’audience et du marché publicitaire) par le même CMS


pour un montant de 900 millions à 1 milliard d’euros. Cet investissement, fortement critiqué par ceux qui y voient une tentative de « nationalisation » de certains médias de la zone


chinoise, est aujourd’hui compromis car la loi de Hong Kong interdit la propriété d’une de ses chaînes hertziennes par une société étrangère, or la Chine continentale est – dans ce cas -


considérée comme un territoire étranger. En janvier 2011, le propriétaire de TVB, Run Run Shaw, a annoncé la vente de ses actions à la société financière américaine Providence Equity


Partners associée à un pool d’industriels dont le président du groupe taïwanais HTC. Après cet échec, d’autres journaux évoquent aujourd’hui un possible accord avec Disney pour lancer enfin


une version chinoise de Disney Channel. SMG (via le CMC) pourrait-être un partenaire naturel puisque le premier parc chinois de Disney ouvrira en 2014 à Shanghai. Le fonds CMC aura les


moyens de ses investissements et de ses développements puisque ses 5 fondateurs publics (dont deux banques et SMG) se sont engagés à le doter d’au moins 1 milliard de dollars américains.


Cela a permis au président du fonds d’annoncer « 3 à 4 acquisitions [avant] la fin de l’année 2010 ». « Des investissements non limités à la Chine » a précisé le directeur des


investissements du fonds (_Chinaventure.com_, 22 juin 2010). Le même Michael Tung a prédit que « la Chine devrait créer 4 à 5 groupes médias puissants pour rivaliser avec News Corp. et Time


Warner » (The New York Times, 5 octobre 2009). Soutenu fortement par ses tutelles municipale et nationale, restructuré, prêt à ouvrir son capital et déjà incontournable pour entrer en Chine,


Shanghai Media Group pourrait donc aussi devenir l’outil majeur de développement international des médias chinois et du « soft power » de Pékin (« géopolitique médiatique » comme


l’affirment certains). Son jeune président – surnommé le « Mogul » chinois par la presse américaine – a les moyens économiques et politiques de ses ambitions. Courtisé par la planète


médiatique, récemment nommé au conseil d’administration de WPP, premier groupe publicitaire mondial, Lui Ruigang – 42 ans – a aussi le temps pour lui ! 10 ANS DE PARTENARIATS EN CHAÎNE


Partenaire Type de partenariat Avril 2003 CNBC / USA Échanges de contenus économiques et financiers entre CBN et CNBC Février 2004 Universal / France Création d’une société commune pour le


management d’artistes, la production d’événements et la diffusion des nouveaux médias Viacom / USA Création d’une société commune pour produire des programmes pour enfants pour le marché


chinois Avril 2004 CJ Home Shopping / Corée Coopération technique et marketing pour le lancement de la chaîne Oriental Home Shopping Avril 2004 MDA / Singapore Coproduction de fictions TV en


HD Alcatel / France Coopération technologique sur le mobile et la TV par Internet Technologie Janvier 2005 Discovery Comm. / USA Coproductions et diffusion sur les chaînes de SMG de


contenus documentaires Janvier 2005 VNU / Pays Bas Coopération dans le secteur du magazine Février 2005 ESPN Star Asia (Disney / news Corp) Diffusion sur les chaines de SMG de contenus


sportifs Microsoft / USA Coopération sur l’IPTV Technologie China Telecom / Chine Lancement de l’IPTV avec les contenus SMG Technologie / Contenu Juillet 2005 Alcatel / France Coopération


technologique sur l’IPTV Technologie Juillet 2005 Discovery Networks Asia / USA Coproduction de documentaires écrits par de jeunes réalisateurs chinois Sept. 2005 China Mobile / Chine


Lancement de la TV sur mobile Technologie Janv. 2006 Diffusion Web exclusive en Chine de la Coupe du Monde de football en Allemagne Avril 2006 AOL / Time Warner / USA Diffusion sur AOL des


contenus de SMG Diffusion sur les nouveaux médias (web et mobiles) des contenus des artistes EMI, coproduction d’événements 7 studios / USA Diffusion IPTV / PPV de films des studios Sony


Pictures, 20th Century Fox, Disney, Warner, Paramount and Universal English Premier League / RU Diffusion en IPTV des matchs anglais de football MSN China / Chine / USA Lancement de 8


chaînes Web avec les contenus de SMG Contenus / Technologie Tandberg TV / USA Numérisation du réseau câblé, VOD Technologie Avril 2007 Fox (News Corp) / USA Achat du format « skating with


the stars » pour production de la version chinoise Avril 2007 Diffusion de certains programmes de Dragon TV sur TVB (première chaîne TV de HK) China Unicom/ China Déploiement de la TV sur


mobile Technologie Microsoft / USA Nouvelle coopération sur l’IPTV Technologie Juin 200è Baidu / Chine Coopération marketing avec le premier moteur de recherche chinois pour le lancement de


la version chinoise de la « Star Academy » Diffusion des matchs de la ligue américaine de baseball sur SMG Sportschannel Déc. 2007 Nouveaux accords avec NBC pour la diffusion de contenus


américains sur la nouvelle chaîne ICS Janvier 2008 Cisco / USA Numérisation du réseau câblé, téléphonie IP Technologie Février 2008 Tsinghua / Chine Vente de 40 % du capital de BesTV (IPTV)


Avril 2008 Intel / USA Coopération technologique, apport de 12 millions de dollars pour développements informatiques autour du Web haut débit Technologie / Finances SK Telecom / Corée


Coopération technologique sur le mobile et la TV sur Internet Technologie Softbank / Japon Coopération technologique (Web) et apport de contenus numériques (jeux…) Technologie / Contenus MBC


/ Corée du Sud Coproduction de la version chinoise d’une sitcom coréenne Tudou / Chine Coproduction d’une série inédite diffusée sur Tudou (YouTube chinois) Juillet 2009 Televisa / Mexique


Coproduction de la version chinoise d’un soap mexicain Xinhua / Chine Lancement avec la première agence de presse (publique) chinoise d’un service info pour TV sur mobile et IPTV Contenus /


Technologie Diffusion des matchs de la ligue américaine de basketball en IPTV et en pay per view Accord de 4 ans pour 10 millions de dollars Walt Disney / USA Coproduction de la version


chinoise du film « High School Musical » Insertion des archives dans les productions documentaires et fictions de SMG MyChinaChannel / Singapore Coproduction de séries infotainment et


distribution commune de catalogue hors des territoires chinois Janvier 2010 Orange / France Accord de diffusion en Europe des contenus Web produits par SMG durant l’expo + coopération


technologique sur l’IPTV Walt Disney / USA Coproduction de la version chinoise de la série TV  « Amazing race » Avril 2010 UnionPay / Chine Développement des paiements par Web et mobile


Technologie Toei Animation / Japon Coproduction d’un long métrage inspiré d’une série japonaise diffusée en Chine depuis 1983 Nat geo Channel / USA Coproduction d’un documentaire sur le Bund


destiné au marché international Juillet 2010 Australian Broadcasting Corp / ABC / Australie Échanges et coproductions de contenus entre ICS et la chaîne internationale Australia Network


Sept. 2010 Globecast (Orange) / France Coopération technique pour la transmission de contenus TV entre Shanghai et le reste du Monde Technologie LES CHIFFRES CLÉS DE LA TÉLÉVISION CHINOISE


Population 1,33 milliard 412 millions 400 millions Pénétration TV 97 % des foyers et des habitants Chaînes TV locales Chaînes TV régionales et nationales Chaînes TV payantes Chaînes TV en HD


Foyers HDTV Foyers abonnés au câble 174 millions Foyers câble numérique 62 millions Foyers abonnés au câble numérique payant 7 millions Foyers réception directe satellite (légaux) 3,6


millions Foyers réception directe satellite (illégaux) 40 millions Revenus d’abonnements au câble 26,9 Mds Yuan (3,9 Mds $ US) Revenus câble numérique payant 2,54 Mds Yuan (372 M $ US)


Revenus publicitaires Tv 65,4 Mds Y (9,6 Mds $ US) Revenus de ventes étrangères de programmes TV 402,6 M Y (59 M $ US) Production nationale de fictions TV 12 910 épisodes (402 titres)


Production nationale animation TV 171 816 minutes (322 titres) Coproductions sino-étrangères (autorisées) de fictions TV 384 épisodes (12 titres) Coproductions sino-étrangères (autorisées)


d’animation TV 52 épisodes (1 titre) _Sources : CMMI, Sarft, NBSC, China Digital TV, CMMR, Zenith Optimedia_ RÉFÉRENCES David BARBOZA, « China Yearns to Form Its Own Media Empires », _The


New York Times_, 4 octobre 2009. George CHEN, « Shanghai Media plans English news channel in China »,_ Reuters_, 18 septembre 2007. Don LEE, « Shanghai Media Group Blazes Trail in China’s


Fledgling Market », _The Los Angeles Times_, 13 mai 2006. Richard SIKLOS, « With a Mogul’s Touch, a Chinese Media Man Connects to the West », _The New York Times_, 16 janvier 2006.