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Bien que touchée, comme les autres médias, par une crise de confiance généralisée, la radio reste considérée par les Français comme le média le plus crédible. Sebastien Poulain Publié le 28
février 2017 Le dernier baromètre annuel de La Croix sur la confiance dans les médias a révélé un important niveau de défiance à leur égard. Si la télévision reste la source principale
d’information (et de son approfondissement), c’est à la radio que, depuis l’origine du baromètre en 1987, les sondés font le plus confiance pour la qualité de la restitution de l’information
: 52 % des personnes des sondées estiment ainsi « que les choses se sont passées » comme le « raconte » la radio, soit 5 points de plus que le « journal » en moyenne, environ 10 points de
plus que la télévision et le double d’Internet. Comment expliquer que l’on accorde plus de confiance à la radio qu’aux autres médias ? UNE IMAGE D’INDÉPENDANCE Une multitude d’hypothèses
peuvent être avancées. Anthropologiquement, nous pouvons considérer le son comme le premier moyen de communication (y compris prénatal). La radio semble être un média à l’abri du pouvoir de
l’image : le contenu sonore est invisible et paraît arriver immédiatement et directement dans notre cerveau sans altération, dégradation, manipulation, narration (story telling), voire sans
représentation et subjectivité. Ses informations semblent ainsi moins altérées, et donc plus pures. Politiquement, elle décrypte, interroge, critique, moque quotidiennement la vie politique
et globalement l’actualité, à l’image des « matinales » avec leurs chroniques, interviews (par des journalistes et des auditeurs), éditoriaux, revue de presse… Cela peut donner une
impression d’autonomie. Même les radios musicales et jeunes diffusent des flashs d’information (courts mais réguliers). Constamment en contact (critique) avec la société, la radio diffuse
des programmes socialement valorisant qui la légitiment (politique, information, musique classique, culture...). À CHACUN SA RADIO Techniquement, la radio est mobile, agile, pratique,
souple, réactive et nécessite peu de moyens : au niveau de la production (le personnel et les moyens techniques nécessaires), de la diffusion (émetteur, antenne) comme de la réception (9,6
récepteurs en moyenne par foyer). > Le pluralisme des modèles juridico-économiques sont susceptibles > de diminuer la défiance à l’égard des journalistes. Économiquement, plusieurs
modèles de financement coexistent : publics; non commerciaux ; commerciaux à vocation locale indépendants ; commerciaux à vocation locale affiliés ou franchisés ; commerciaux à vocation
nationale thématiques ; commerciaux à vocation nationale généralistes. Le pluralisme des modèles juridico-économiques sont susceptibles de diminuer la défiance à l’égard des journalistes
constamment jugés « dépendants des pressions de l’argent » dans le baromètre. UN MÉDIA QUI PARLE À TOUT LE MONDE Et ces publics ont la possibilité d’investir certaines radios – les radios
associatives – à différents niveaux : dans l’administration, dans le financement (par le don), en tant qu’invité et même animateur, mais aussi à l’antenne en tant qu’appelant (l’existence
des « libres antennes » étant une spécificité de la radio). Mêlant professionnalisme mais aussi amateurisme, c’est un espace public ouvert moins méprisé par les élites que la TV – média qui
a toujours fait l’objet de critiques d’intellectuels, politiques, associations… – et plus accessible aux classes moyennes et populaires que la presse papier ou la TV. Cette démocratisation –
bien moins importante que sur les réseaux socio-numériques, mais bien plus qu’à la TV et dans la presse – peut donner confiance là où Internet risque de garder longtemps la réputation de
diffuser tout contenu sans distinction et hiérarchisation. Et ce malgré l’investissement du Net par les médias traditionnels et les pure players, qui, comme les blogs, peuvent pluraliser
l’information mais restent fragiles économiquement : ArretsurImages, Atlantico, Bastamag, Explicite, Fakir, Libre@Toi, Médiapart, Slate, Spicee, StreetPress, TheDissident, 8eétage … ET
DEMAIN ? D’autres hypothèses explicatives sont sans doute à envisager et tester, tandis que le baromètre est à affiner et complexifier. Mais la radio semble structurellement moins
artificielle, clinquante et massive, plus discrète, proche, participative, locale, intime et personnelle. Cela n’en fait pas un média infaillible, loin de là – sa cote de confiance n’est pas
si éloignée de celle des autres médias et, comme eux, elle est touchée par un niveau de défiance historique. -- Crédit photo : vanleuven0/Pixabay. Licence CC0 1.0