« je ne pensais pas à mal » : auteur d’une page facebook, il est poursuivi en diffamation par les miels michaud

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On sent une pointe de fierté dans la voix du septuagénaire, lorsqu’il évoque devant le tribunal les... On sent une pointe de fierté dans la voix du septuagénaire, lorsqu’il évoque devant le


tribunal les « 35 000 fans » qui suivent sa page Facebook. L’homme se pique d’actualités et réagit beaucoup à travers ses publications. C’est l’une d’entre elles, postée le 28 janvier 2024,


qui amène cet Audois de 74 ans à répondre de diffamation en Pau. Il est jugé selon la procédure de « citation directe » par une partie civile, en l’occurrence les miels Michaud, l’entreprise


gantoise ayant peu goûté une publication du septuagénaire la mettant en cause et devenue « virale » par la magie des réseaux sociaux. Plus de 100 000 partages et commentaires sur le réseau


social Facebook. La rédaction vous conseille « PAS UNE INTENTION MÉCHANTE » Cette publication fait suite à l’interception par des agriculteurs, lors du blocage des autoroutes françaises, le


26 janvier 2024, d’un camion contenant 36 fûts de 200 litres de miel ukrainien à destination de Famille Michaud Apiculteurs. Dans un contexte où les agriculteurs en colère s’inquiètent des


importations ukrainiennes, la « saisie » fait rapidement polémique. Pierre y va donc de sa publication en mettant en cause l’entreprise installée à Gan. « Sur leur site Internet, ils


précisent 100 % récolté en France ! Mensonge !!! » écrit-il, points d’exclamation à l’appui. « Je n’ai jamais critiqué la qualité des miels Michaud, mais seulement leur provenance, nuance le


septuagénaire à l’audience. Moi, le miel Michaud, je l’ai trouvé bon pendant 10 ans ! Mais je voulais faire comprendre aux gens que ce qui s’appelle miel français ne l’est pas forcément. »


Le prévenu précise que l’association UFC-Que choisir a déposé plainte auprès du tribunal judiciaire de Paris pour « pratiques commerciales trompeuses », à laquelle Famille Michaud


Apiculteurs a répliqué par une plainte en dénonciation calomnieuse. Le tribunal insiste en lui demandant comment il perçoit sa publication « avec le recul ». Le prévenu ne cille pas. « 


J’avais l’intention d’avertir les consommateurs. Ce n’est pas une intention méchante. » « INJURES ET MENACES » Ce n’est évidemment pas ainsi que le ressent la PDG de l’entreprise, Marie


Michaud. « Notre entreprise a été attaquée », souffle-t-elle. « Cette affaire a eu des conséquences inimaginables, appuie l’avocat des miels Michaud, Me Hervé Banbanaste, du barreau de Lyon.


L’entreprise a reçu des appels et des courriels d’injures et de menaces. Ces réseaux sociaux rendent fou et on ne peut pas écrire n’importe quoi impunément ! » L’avocat écarte l’exception


de vérité : « vous ne prouvez pas ce que vous dites ». Et il balaye aussi la bonne foi : « vous ne postez qu’un côté de l’étiquette du pot de miel, alors que les origines des miels sont


indiquées au dos ». Pour prouver ses dires, il remet au tribunal trois pots de miels « qui sont des pièces à conviction ». Le tribunal examine les étiquettes et rend les pots de miel à


l’avocat. Le procureur Richard Pineau ne prend pas parti. « Je m’en rapporte », lance-t-il après avoir informé le tribunal que lui ne choisit son champagne que s’il comporte « la mention RM,


récoltant manipulant », histoire de dire sans doute que le diable se niche dans les détails. La partie civile réclame 7 500 € de dommages et intérêts. Le septuagénaire tente une ultime


défense. « Je ne voulais pas faire de mal et je vois bien qu’étant dans ma position de petit retraité, je ne pouvais pas m’attaquer à l’institution Famille Michaud Apiculteurs. » Le tribunal


rendra sa décision le 12 mai.