Decryptage. Législatives 2024 : pourquoi le débat attal-bardella-bompard sera "celui de tous les dangers"

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l'essentiel Spécialiste de la communication politique, Philippe Moreau-Chevrolet livre, pour La Dépêche du Midi, son analyse avant le débat entre Manuel Bompard, Gabriel Attal et Jordan


Bardella qui aura lieu ce mardi 25 juin sur TF1. Ce débat peut-il être décisif et peut-il changer des choses ? En temps ordinaire, les débats ne changent rien au scrutin ou très peu. Cette


année, en raison du contexte très tendu et particulier, on peut penser que ça aura un impact sur ces élections législatives. Car les Français sont face à une situation politique totalement


inédite avec énormément de tension dans tout le pays. Donc oui ça peut compter et ça peut convaincre les indécis qu’il faut aller voter, notamment contre le Rassemblement national. À LIRE


AUSSI : REPLAY. Législatives 2024 : les programmes des "extrêmes" mènent "à la guerre civile", assure Emmanuel Macron Comment les candidats se préparent-ils ? C’est assez


compliqué puisqu’ils seront trois. La situation la plus difficile est pour Gabriel Attal car il va devoir à la fois attaquer ses deux opposants, mais également ne pas se fâcher avec le


Front Populaire car il y aura besoin de reports de votes au second tour. Le Premier ministre devra être "agressif" envers Manuel Bompard mais ne pas insulter l’avenir. Le RN a


comme enjeu de ne pas perdre de points, donc Jordan Bardella va prendre le minimum de risque. Il va devoir être consciencieux et le moins agressif possible. Il va faire ce qu’il fait depuis


le début : de la figuration intelligente. Pour lui, c’est assez facile et le débat ne devrait pas être trop compliqué. Pour le Front Populaire, le caillou dans la chaussure c’est bien


évidemment Jean-Luc Mélenchon. Manuel Bompard va devoir gérer cette question très intelligemment. À LIRE AUSSI : Débat des législatives 2024 : pourquoi le choix de Manuel Bompard pour


affronter Gabriel Attal et Jordan Bardella fait grincer des dents Comment doivent-ils se comporter pour toucher les Français ? Chacun est différent. Pour Jordan Bardella, il faut qu’il reste


lui-même et qu’il n’aille pas trop sur le terrain politique. C’est faire de la politique, sans trop y toucher, rester dans le personnel et se comporter comme le gendre idéal. Pour Gabriel


Attal, il va falloir éviter d’être le bon élève méprisant qu’il avait été lors du débat des européennes. Aller plus dans la séduction, l’humanité et peut-être reconnaître ses erreurs. Il n’y


aura qu’une humilité totale qui fonctionnera. Mais également lancer un appel à ses électeurs, presque leur parler davantage qu’à ses opposants. Pour Manuel Bompard, il sera aussi question


de séduction. Sortir de la position défensive qui est celle du Front Populaire et proposer du positif pour le pays. Il faut créer un élan pour que les gens puissent aimer ce parti, que ce ne


soit pas juste une solution de rechange. Ça va être un débat de tous les dangers, périlleux, mis à part pour Jordan Bardella qui arrive en force. À LIRE AUSSI : DECRYPTAGE. Elections


législatives 2024 : la lettre d’Emmanuel Macron pose-t-elle un problème démocratique ? Comment juger les trois hommes sur le moment du débat afin de savoir qui s’en sort le mieux ? Il y a


plusieurs choses. La communication non verbale dans un premier temps. Il va être très important de ne pas être agressif, méprisant. Il faudra être rassurant, presque charmant. Et puis aller


vers les fonds des dossiers, là où Jordan Bardella sera le plus en difficulté. Les attaques gratuites sont à éviter, tout comme le fait de vouloir à tout prix marquer des points contre


l’adversaire. Jordan Bardella est un homme populiste, ce type de candidat ne se combat pas avec les armes traditionnelles de base. Bien évidemment il faut les compétences, les connaissances,


mais également le sourire, de l’humilité, réussir à parler aux électeurs du RN en étant sympathique et proche des gens. À LIRE AUSSI : Élections Législatives 2024 : "Les patrons gèlent


les grandes décisions" selon Pierre-Olivier Nau, président du Medef 31 Comment imaginez-vous ce débat ? Il peut y avoir des sorties de route côté Front Populaire car les Melenchonistes


ont besoin d’exister. Je pense que Gabriel Attal aura tiré les leçons de son premier débat. Il sera davantage dans l’humilité, l’horizontalité et moins dans le mépris. Il peut arriver à le


faire car il est très populaire. On a deux bêtes politiques avec Jordan Bardella. Mais le vrai match sera celui entre Manuel Bompard et Jordan Bardella dans un bon vieux clivage


droite/gauche avec un centriste qui aura du mal à exister du fait de sa position de faiblesse.