La réforme des retraites se précise

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L’architecture d’ensemble du futur système universel de retraites par répartition a commencé mercredi 10 octobre à sortir du brouillard, à l’issue d’une rencontre multilatérale entre


Jean-Paul Delevoye, haut-commissaire à la réforme des retraites, et les organisations syndicales et patronales. SYSTÈME UNIVERSEL ET SIMPLIFICATION RADICALE Première confirmation : le futur


système universel va bel et bien remplacer à terme les 42 régimes existants (régimes de base et complémentaires obligatoires). Tous les assurés – salariés du privé, fonctionnaires,


indépendants, agriculteurs, etc – cotiseront pour ce nouveau régime dans la limite haute de trois plafonds de la sécurité sociale, soit 120 000 € brut annuels. Un niveau qui rend caduques


les régimes complémentaires – notamment l’Agirc-Arrco – voués à disparaître. La simplification est radicale : un seul dossier par assuré et une seule pension versée. Les règles de calcul des


pensions seront les mêmes pour tous, quel que soit le statut. En clair, à revenu égal, un salarié du privé aura la même pension qu’un fonctionnaire. C’est désormais l’ensemble de la


carrière qui sera pris en compte pour calculer les pensions, et non plus les vingt-cinq meilleures années dans le privé et les six derniers mois dans la fonction publique. DES COMPENSATIONS


ET DES AMÉNAGEMENTS POSSIBLES En compensation, les primes des fonctionnaires seront intégrées dans le revenu qui sert au calcul des droits à la retraite. Ce mécanisme pourrait être


pénalisant pour les enseignants notamment, qui n’ont pas beaucoup de primes. Une concertation sera donc engagée entre le gouvernement et les syndicats de fonctionnaires pour lisser ces


effets négatifs. _« Les régimes spéciaux seront eux aussi embarqués vers ce système universel », _a confirmé hier Jean-Paul Delevoye, tout en prenant soin de préciser que_ « régime universel


ne voulait pas dire régime unique »._ Une entreprise publique ou une branche professionnelle pourra ainsi surcotiser pour ses salariés ou prévoir un régime complémentaire, à condition de le


financer. Même chose pour les professions libérales ou les indépendants, qui souhaitent ne pas voir flamber leur taux de cotisation. La porte est ouverte à des aménagements, le taux de


cotisation « cible » étant néanmoins fixé à 28 % (ce qui correspond au taux de cotisation actuel des salariés et des employeurs dans le secteur privé). UN RÉGIME QUI FONCTIONNERA AVEC DES


POINTS Le futur régime fonctionnera avec des points, qui seront cumulés au fur et à mesure de la carrière et convertis en pension au moment du départ en retraite. La référence à la durée


d’assurance disparaît. Néanmoins, a précisé Jean-Paul Delevoye, _« pour protéger les Français contre eux-mêmes et éviter qu’ils ne partent trop tôt à la retraite avec des pensions trop


faibles »_, il y aura toujours un âge minimal pour faire valoir ses droits à la retraite. _« Celui-ci reste fixé à 62 ans », _a martelé hier le haut-commissaire. Et _« nous n’avons pas


évoqué d’âge pivot »_, a-t-il ajouté, infirmant ainsi les rumeurs de ces derniers jours. DES OUTILS DE SOLIDARITÉ CONSERVÉS, MAIS HARMONISÉS ENTRE LES RÉGIMES Le futur système conservera le


principe de la réversion et des mécanismes de solidarité _« à hauteur de 20 % des dépenses »_, a précisé hier l’équipe de Jean-Paul Delevoye. Grâce à ces mécanismes qui épousent les aléas de


carrière (chômage, invalidité, maternité, etc), les pensions versées aujourd’hui ne sont pas strictement proportionnelles aux cotisations versées. _« Un système à points est parfaitement


compatible avec des outils de solidarité »_, a assuré hier Jean-Paul Delevoye. Ces derniers seront néanmoins harmonisés, alors que de grandes divergences existent selon les régimes, en


particulier sur la réversion. De nouveaux dispositifs sont à l’étude, notamment des droits familiaux dès le premier enfant et des compensations pour les aidants familiaux. Les six prochains


mois seront consacrés à la mise en musique de la réforme avec des questions aussi délicates que le devenir des réserves accumulées par certains régimes complémentaires ; les stabilisateurs


du prochain système pour éviter le dérapage des dépenses ou encore la phase de transition. --- REPÈRES UNE LONGUE PHASE DE TRANSITION – LA RÉFORME SERA SOUMISE AU PARLEMENT EN 2019, sans


autre précision de calendrier. – ELLE NE CONCERNERA NI LES RETRAITÉS ACTUELS ni les personnes se trouvant à moins de cinq ans de la retraite. – DURANT LA PHASE DE TRANSITION, CHAQUE ASSURÉ


VERRA LA TOTALITÉ DE SES DROITS ACQUIS AU TITRE DE SON ACTIVITÉ PASSÉE CONVERTIS EN POINTS, avec les règles de calcul actuelles. À partir de cette opération, son compte en points sera


alimenté en vertu des nouvelles règles. – AU REGARD DU NOMBRE DE COMPTES CONCERNÉS (PLUSIEURS DIZAINES DE MILLIONS), CES OPÉRATIONS DE CONVERSION PRENDRONT DU TEMPS. _« Nous commencerons par


les personnes les plus proches de leur départ à la retraite »,_ précise l’entourage de Jean-Paul Delevoye. – IL VA FALLOIR ATTENDRE QUARANTE ANS pour qu’une personne ait vécu l’ensemble de


sa carrière sous l’égide du nouveau système.