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Sur fond de guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine, Google va cesser de fournir son système d'exploitation à Huawei. À quoi faut-il s’attendre sur le
marché français ? Le décryptage de Fanny Guinochet ("L'Opinion"). Radio France Publié le 22/05/2019 07:55 Temps de lecture : 4min Google suspend ses relations
commerciales avec le constructeur chinois Huawei. C'est un ordre de Washington : Donald Trump estime que cet acteur incontournable des télécoms menace la sécurité nationale et la vie
privée de ses utilisateurs en raison de ses liens étroits avec le gouvernement chinois, des accusations que le groupe rejette. Et on ne voit pas comment le consommateur français ne serait
pas impacté. Parce que très concrètement, c’est tout l’univers Google qui va disparaître des smartphones Huawei. Si vous achetez un téléphone Huawei, vous ne pourrez plus utiliser Google
Maps, YouTube, Gmail. Autant dire qu’en France, comme ailleurs dans le monde, les ventes de téléphone Huawei risquent de chuter. On estime que quatre millions de Français ont un Huawei
aujourd’hui. C’est 20% des parts de marché de la téléphonie dans l’Hexagone, ça veut dire un téléphone vendu en France sur cinq. Les dirigeants de Huawei, pourtant, se veulent rassurants.
Ils minimisent et essaient de ne pas rajouter à l’inquiétude des consommateurs. Ils ont trois mois pour se retourner : trois mois, c’est le délai que leur a donné Donald Trump pour
organiser la séparation avec Google. Le géant chinois dit qu’il a un plan B, qu'il est prêt à proposer son propre système d'exploitation, un système concurrent de ceux de Google
(Android) et d'Apple (iOS), sur lequel il planche depuis plusieurs années. Mais personne ne l’a vu : est-ce que ce système est vraiment prêt, opérationnel ? Plusieurs experts des
télécoms en doutent, et pensent qu’il va manquer quelques mois, voire même des années à Huawei pour le finaliser et remplacer le système Android sur ses smartphones. Et puis, ce n’est pas
tout d’avoir la technologie. Ensuite, il faut réussir à l’imposer, à convaincre les développeurs, les consommateurs de l’utiliser. Ce qui ne sera pas une mince affaire. Le déploiement de la
5G en France n’est pas encore une réalité. Les opérateurs ne pourront déployer la cinquième génération de téléphonie mobile, qui permettra un accès ultra-rapide à l'internet, qu’à
partir du début de l'année prochaine, quand les fréquences auront été attribuées par l'État. Du coup, les opérateurs ont encore le choix du fournisseur. Et la France utilise très
peu Huawei sur les cœurs de réseau de la 3G ou de la 4G. Une partie des antennes Bouygues et SFR sont équipées par Huawei. Mais il n’empêche, cette affaire va avoir des incidences parce que
tout le marché va être bousculé. Huawei se présente comme le leader incontesté de la 5G. C’est le premier équipementier mondial et s’il sort du jeu, la concurrence va se réduire. Le
risque, c’est une montée des prix des autres industriels. Quid aussi des capacités de production des autres, justement ? Est-ce qu’Ericsson ou encore Nokia pourront répondre à la demande ?
Une demande qui est forte : plusieurs pays sont en train de déployer la 5G, à des vitesses différentes. En plus des hausses de prix, il va y avoir des retards. Par ailleurs, plusieurs
entreprises françaises travaillent avec Huawei, tout un écosystème qui utilise sa technologie et qui pourrait être ennuyé si Huawei est empêché. Un seul exemple : pour l'expérimentation
de sa voiture autonome, PSA travaille avec Huawei.