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Les Français se sont fortement intéressés à la présidentielle américaine. Comme de nombreux citoyens dans le monde. Mais cet intérêt semble être aussi d'ordre émotionnel et
psychologique. Le décryptage de la psychanalyste Claude Halmos. Radio France Publié le 14/11/2020 08:41 Temps de lecture : 4min On sait l’importance que les Français ont accordée à
l’élection américaine et, compte tenu de l’importance des enjeux internationaux, elle est compréhensible. Mais on se rend compte, en écoutant les commentaires, qu’elle semble les avoir
intéressés aussi pour des raisons plus émotionnelles et psychologiques. FRANCEINFO : PENSEZ-VOUS QUE LES RÉSULTATS DE CETTE ÉLECTION AIENT JOUÉ UN RÔLE SUR LE PLAN PSYCHOLOGIQUE, POUR LES
FRANÇAIS ? ET SI OUI, LEQUEL ? ET POURQUOI ? CLAUDE HALMOS : Je crois que cette élection a eu, pour les Français, une importance particulière. Peut-être parce que la façon dont Donald
Trump a traité la pandémie, dont eux-mêmes souffrent, les avait sensibilisés au sort des Américains. Et sans doute aussi parce que, dans les périodes de fragilité psychologique (individuelle
et collective) comme celle que nous traversons, beaucoup de gens ont besoin de transformer certaines choses en sortes de signes susceptibles de leur donner, de façon un peu magique, des
raisons - ou non - d’espérer. Et cette élection pouvait jouer ce rôle. POUR QUELLES RAISONS ? Parce que, du fait de la personnalité des candidats, les enjeux du scrutin étaient
autant humains que politiques, et qu’il s’agissait de choisir entre deux mondes. Donald Trump apparaît, de façon presque caricaturale, comme l’incarnation d’un autocrate tout puissant, guidé
par sa seule jouissance. Pour qui l’intérêt général, et la vie des êtres (qu’il s’agisse du Covid, ou du climat) ne comptent pas ; qui n’a comme idéal que lui-même, et qui rejette tout ce
qui n’est pas semblable à lui : son racisme et sa xénophobie en témoignent. Et il incarne, en outre, le mépris de la science, de la culture, des lois, et des institutions, c’est-à-dire de
tout ce que les sociétés humaines ont su créer. Qui peut protéger, rassurer, et aussi permettre de rêver, c’est-à-dire d’échapper un peu à la dureté du quotidien. Il se prête donc à être le
symbole d’une sorte de "monde sans pitié", où l’humain n’a pas de place, et qui est à ce titre, très angoissant. ET L’ÉLECTION DE BIDEN PEUT RASSURER ?
Biden au contraire met en avant son humanité. Il se présente comme un homme pour qui l’argent n’est pas la seule valeur, qui connaît la souffrance ; qui a, entre autres idéaux, celui de la
soulager. Et qui accepte l’altérité et la différence : la présence de sa vice-présidente en atteste. Il peut donc représenter une figure tutélaire, protectrice, et capable d’empathie. Et
aussi, plus concrètement, la possibilité que soit renoué un dialogue avec ceux des Américains qui, Trump les encourageant à la haine et à l’usage des armes, mettent la violence à la place de
la parole. Et qui sont un facteur d’angoisse, même quand on n’est pas américain. Les résultats de cette élection peuvent permettre de penser que tout - même le pire - peut avoir une fin ;
qu’une autre vie est possible. Et pour des Français écrasés par le Covid et les difficultés économiques, c’est une petite lueur d’espoir au bout de leur tunnel.