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La loi sur la sécurité nationale a été adoptée mardi 30 juin, par le Parlement national à Pékin. Elle prévoit une restriction considérable des libertés à Hong Kong, qui perd d'une certaine
manière son statut particulier. Antoine Bondaz, chargé de recherche à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS), et enseignant à Sciences Po Paris, affirme mardi 30 juin sur
franceinfo que "c’est la fin du fameux un pays deux systèmes et du haut degré d'autonomie de Hong Kong". Les militants prodémocratiques vont devoir se réorganiser. "Une partie d'entre eux
risque de partir à l’étranger", explique-t-il.
franceinfo : Est-ce la fin du statut particulier de Hong Kong qui assurait un minimum de liberté ?
Antoine Bondaz : C'est en tout cas la fin du fameux un pays deux systèmes et du haut degré d'autonomie de Hong Kong. Ce qui est clair, c'est que les autorités de Pékin cherchent, dans un
concept relativement connu de Xi Jinping, à prévenir et à contrôler les manifestations et le mouvement d'opposition à Hong Kong. Et très clairement, l'opposition prodémocratique à Hong Kong
va devoir se réorganiser afin de continuer son activisme, mais dans des modalités différentes.
Est-ce que cela veut dire que Hong Kong est une province chinoise comme une autre, aujourd'hui?
Hong Kong n'est pas pour l'instant une province chinoise comme une autre. Elle garde tout de même un degré d'autonomie. Mais la spécificité de Hong Kong, qui était ce fameux haut degré
d'autonomie en termes de libertés publiques et autres, est évidemment remis en cause. Cela s'inscrit de toute façon depuis 1997 dans une remise progressive du statut particulier de Hong
Kong. Les autorités de Pékin n'entendent pas attendre 2047 afin de réincorporer et d'harmoniser la législation à Hong Kong et à Pékin.
Cela veut dire que l'opposition prodémocratique va devoir se faire discret ?
On n'a pas encore les détails de cette fameuse loi sur la sécurité nationale, mais on peut évidemment imaginer que des concepts juridiques clés dans cette loi, la subversion, la collusion
avec les forces étrangères, le terrorisme, pourront être interprétés de façon extrêmement extensive par Pékin et donc menacer une partie des militants pro-démocratie. La vraie question qui
se pose aujourd'hui, c'est comment reconfigurer ce mouvement prodémocratie, tout en sachant qu'une partie d'entre eux risque de partir à l'étranger ? Et là, se pose notamment la question de
la destination : Taïwan, le Canada, l'Australie, les États-Unis ? Quel rôle pour l'Union européenne alors que ce matin la présidente de la Commission et le président du Conseil européen ont
évidemment rappelé leur opposition à cette loi qui aura un coût et un impact notamment sur l'image de la Chine à l’étranger ?
Cela ressemble à cette génération de jeunes partisans de la démocratie dans les années 80 qui ont quitté la Chine ?
Ce qui est clair, c'est qu'on a aujourd'hui une génération à Hong Kong qui s'est politisée. Et c'est le principal problème de Pékin qui s’en est évidemment rendu compte l'année dernière avec
ces fameuses manifestations monstres contre le projet de loi sur l'extradition. Or, pour gérer entre guillemets cette nouvelle génération politisée, Pékin n'a que peu d'outils et a donc
sorti un outil constitutionnel majeur, qui est cette fameuse loi sur la sécurité nationale. Et la principale question qui se pose, c'est comment cette jeune génération va pouvoir continuer à
s'exprimer et surtout à essayer de défendre ses droits dans un environnement qui est de plus en plus dégradé sur le plan juridique.
L’Union européenne ne devrait pas aller plus loin que "déplorer" ?
Effectivement, c'est le problème principal aujourd'hui de l'Union européenne et de ses différents États membres qui ont critiqué ouvertement la situation. C'est aussi le cas dans un
communiqué du G7 d'il y a quelques jours. La vraie question qui se pose, c'est quelles seront les mesures adoptées? Les États-Unis ont adopté des mesures il y a quelques jours. Il est fort à
parier que l'Union européenne n’en prendra pas. Plus largement, il est cependant bienvenu qu’il y ait une réflexion plus large au sein de l'Union européenne sur les relations que nous avons
avec la Chine afin de défendre notamment des valeurs qui sont au cœur du projet européen, le respect des valeurs démocratiques et surtout vis à vis de la Chine, le respect de ses
engagements internationaux. Il faut encore une fois rappeler que la Chine, en 1984, avait signé une déclaration avec les Britanniques où elle s'engageait notamment jusqu'en 2047, à maintenir
ce fameux haut degré d'autonomie qui est remis en question aujourd’hui.