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L'arrêté, publié au Journal Officiel à la Saint-Sylvestre, est tombé comme un couperet : "Je suis encore choquée, je ne réalise toujours pas" réagit Khadija Zaagoug, la gérante de la
boutique Green Power Shop à Évreux. Même si seules les fleurs et les feuilles sont désormais interdites à la vente et à la consommation, ce ne sont pas les autres produits dérivés, résines,
crèmes, huiles qui font tourner la boutique ouverte en juin 2020 dans le centre-ville, "le chiffre d'affaires est plus sur les fleurs en vrac et c'est ce qu'ils nous interdisent aujourd'hui"
détaille-t-elle.
Sur le comptoir de la boutique, plusieurs bocaux en verre avec des fleurs de CBD, qui contiennent moins de 0,2% de THC (la substance psychotrope du cannabis), toujours à la vente : "les
clients ne s'y attendaient pas du tout et ils viennent faire leurs réserves" raconte Khadija Zaagoug.
Quand on fume du CBD, on est encore maître de ce que l'on fait - Sami, client
C'est le cas de Mégane, 25 ans, venue faire le plein malgré l'interdiction : "Il y a cinq jours, ça ne l'était pas donc je viens me fournir une dernière fois". La jeune femme de 25 ans
trouve la décision "un peu bête" car "il n'y a pas de THC dedans". Laina, 18 ans, enfonce le clou, "c'est complètement débile" dit-elle, tandis que son ami Sami, 18 ans également, explique
s'être mis au CBD depuis que la consommation du cannabis est plus sévèrement réprimée : "C'est une manière pour certaines personnes de pouvoir se relaxer en restant dans la législation".
Salariée de la boutique, Myriam Beaufils en très en colère : "Un jour ils nous laissent ouvrir, le lendemain ils ferment" et d'avancer que la France a déjà dû se mettre en conformité avec
les règles européennes : "Ils passent outre la décision de la Cour européenne qui elle est de notre côté".
La mission intergouvernementale de lutte contre les drogues et les conduites addictives explique, entre autres, cette interdiction par des "motifs d'ordre public, pour préserver la capacité
opérationnelle des forces de sécurité intérieure de lutter contre les stupéfiants". En cause, la similitude des fleurs de cannabidiol et de cannabis et la difficulté lors de contrôle de
police ou de gendarmerie de faire la différence. "Il y a des pays, où ils ont des tests. On met quelques feuilles. Ils appuient sur une capsule et ça change de couleur et ils peuvent
vérifier même au bord de la route si c'est du THC ou pas" explique la vendeuse mais "la France ne veut pas s'équiper de ça" regrette-t-elle.
Khadija Zaagoug est inquiète pour l'avenir de son commerce, ouvert en juin 2020.
Les fleurs, c'est plus de 80% des ventes. Si on n'a plus de fleurs, il n'y a plus de magasin - Khadija Zaagoug , gérante Green Power Shop Évreux
Une inquiétude partagée par sa salariée : "S'ils persistent, je suis chômeuse, merci !" indique Myriam Beaufils, qui n'hésiterait pas à quitter la France pour aller travailler dans la même
filière, en Suisse.
Alors que l'Allemagne s'apprête à légaliser le cannabis en 2022, la France interdit les fleurs de CBD. L'Union des professionnels du CBD a déposé un référé-liberté devant le Conseil d’État
et a lancé une pétition pour annuler l'arrêté d'interdiction de la fleur de chanvre.