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Des mois de préparation, des drones introduits clandestinement en Russie et « Toile d’araignée » pour nom de code : les services de sécurité ukrainiens ont mené, ce dimanche 1er juin, une
opération coordonnée sans précédent contre l’aviation militaire russe, frappant à des milliers de kilomètres du front. Voilà ce que l’on sait de ces attaques survenues à la veille de
pourparlers attendus entre la Russie et l’Ukraine à Istanbul. DES DÉGÂTS CONSIDÉRABLES L’Ukraine revendique d’importants dégâts, impossibles à vérifier de façon indépendante. Les attaques
auraient touché 41 avions utilisés pour « bombarder les villes ukrainiennes », a assuré une source au sein des services de sécurité ukrainiens (SBU), citant notamment des bombardiers
stratégiques Tu-95 et Tu-22 et des appareils radar de détection et de commandement A-50. Le ministère russe de la Défense a confirmé que « plusieurs appareils aériens ont pris feu » après
une attaque de drones dans des aérodromes des régions de Mourmansk et d’Irkoutsk, respectivement dans l’Arctique russe et en Sibérie orientale. Ces incendies ont été maîtrisés et n’ont pas
fait de victimes, selon le ministère, qui a affirmé que des suspects avaient été « arrêtés ». Les services de sécurité ukrainiens ont de leur côté assuré avoir détruit 34 % des bombardiers
stratégiques russes vecteurs de missiles de croisière, et fait des dégâts à hauteur de 7 milliards de dollars, des affirmations là encore difficiles à vérifier. UN MODE OPÉRATOIRE
EXCEPTIONNEL Cette opération, au nom de code « Toile d’araignée », a été préparée pendant plus d’un an et demi et sous la supervision du président Volodymyr Zelensky, d’après la source
ukrainienne. Elle a nécessité une logistique particulièrement complexe, selon elle. L’Ukraine fait régulièrement décoller des drones de son territoire pour frapper des cibles en Russie, en
réponse à l’invasion russe de 2022. Le mode opératoire utilisé cette fois est totalement différent. La source sécuritaire ukrainienne a indiqué que des drones avaient été introduits
clandestinement en Russie, et cachés dans des structures en bois placées sur des camions. Leurs toits ont ensuite été ouverts à distance, pour permettre aux drones de s’envoler vers leurs
cibles. Des photos, partagées par le SBU, montrent de nombreux petits drones noirs cachés dans les faux toits de ce qui ressemble à des containers de transport. Le ministère russe a confirmé
que les drones n’avaient pas été lancés depuis le territoire ukrainien, mais « à proximité immédiate des aérodromes ». UNE INCURSION PROFONDE EN TERRITOIRE RUSSE L’Ukraine a ainsi pu
atteindre des régions situées à des milliers de kilomètres du front, alors que ses attaques se concentrent généralement sur les zones proches de ses frontières. Il s’agit de l’opération « la
plus longue portée » jamais menée par ses services, s’est réjoui M. Zelensky. Deux des aérodromes que l’Ukraine dit avoir touchés, ceux d’Olenia et de Belaïa, sont respectivement à environ
1 900 et 4 300 kilomètres de l’Ukraine. Le premier est situé dans l’Arctique russe, l’autre en Sibérie orientale. Le ministère russe a dit avoir réussi à contrer d’autres attaques dans les
régions d’Ivanovo, de Riazan et de l’Amour, cette dernière étant située aux confins de la Chine dans l’Extrême Orient russe. LES CONSÉQUENCES ET LE SYMBOLE Les conséquences de ces attaques
sur les capacités militaires russes sont difficiles à estimer. L’Ukraine subit des attaques aériennes quasi quotidiennes, qui ont mis à mal sa défense antiaérienne ces dernières semaines.
Mais la Russie utilise pour cela une très grande quantité de drones, pas seulement des missiles. Des blogueurs militaires russes ont déploré un « jour noir pour l’aviation » de leur pays, et
appelé à la vengeance. La chaîne Telegram Rybar, proche de l’armée russe, a estimé qu'« il s’agit sans exagération d’un coup très dur », dénonçant de « graves erreurs » des services
spéciaux russes. La portée symbolique est en tout cas importante pour l’Ukraine, dont l’armée enchaîne les revers sur le front face à des troupes russes plus nombreuses. Il s’agit d’une des
opérations les plus réussies de ses services depuis le début de l’invasion russe en février 2022. Volodymyr Zelensky a jugé que ces actions, dignes des « livres d’Histoire », devaient
pousser la Russie à « ressentir la nécessité d’arrêter la guerre ». L’ancien président Petro Porochenko, figure de l’opposition, a estimé qu’il n’existait « pas de meilleurs arguments » à
présenter à la veille de pourparlers avec Moscou à Istanbul. D’autres responsables, ainsi que de simples internautes, ont repris des propos récents du président américain Donald Trump, qui
avait estimé que l’Ukraine n’avait pas de « cartes » à faire valoir dans les négociations. L’un des négociateurs ukrainiens, Serguiï Kyslytsya, a semblé lui répondre en partageant sur X une
image d’une carte à jouer - un roi - avec pour commentaire : le « roi des drones ». (Avec AFP)