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La mesure entrera en vigueur en août 2026, après plusieurs mois d'aller et retour au sein des deux chambres du parlement. Bientôt la fin des appels intempestifs pour "profiter des
aides de l'Etat" ou "changer d'opérateur": la Parlement a définitivement entériné mercredi l'interdiction du démarchage téléphonique sans consentement du
consommateur. Un ultime vote du Sénat sur une proposition de loi contre les "fraudes aux aides publiques" a permis à cette initiative d'aboutir, après de longs aller-retours
dans les deux chambres du Parlement. UN CONSENTEMENT "LIBRE ET ÉCLAIRÉ" NÉCESSAIRE L'idée est simple: interdire aux entreprises de démarcher par téléphone "directement ou
par l'intermédiaire d'un tiers agissant pour son compte" une personne "qui n'a pas exprimé préalablement son consentement" de manière "libre, spécifique,
éclairée, univoque et révocable". Ce sera à l'entreprise de prouver que le consommateur a exprimé clairement son accord pour être démarché par téléphone. Seule exception prévue:
lorsque la sollicitation intervient "dans le cadre de l'exécution d'un contrat en cours". Selon un sondage effectué par l'UFC-Que Choisir en octobre 2024, 97% des
Français se déclarent agacés par le démarchage commercial. Comme Lucie Kapfer, 43 ans: "les premiers appels ont d'abord concerné le Compte personnel de formation (CPF). Puis les
démarchages ont perduré, plusieurs fois par semaine", explique celle qui a supprimé son téléphone fixe pour tenter de limiter ces appels. "Mais ils ont continué sur mon téléphone
portable. Plusieurs appels par jour, c'était infernal", déplore-t-elle, car les démarcheurs "appellent avec des 03, des 02 et même des 06. Il est bien plus difficile de les
reconnaître". UN "HARCÈLEMENT TÉLÉPHONIQUE" La mesure avait été adoptée au Sénat dès novembre à l'initiative du sénateur Horizons Pierre-Jean Verzelen, puis dans un texte
dédié repris à l'Assemblée nationale en mars. Elle arrive finalement au bout de son parcours législatif via son introduction, par un amendement de la députée écologiste Delphine Batho,
dans ce texte plus vaste, soutenu par le gouvernement. "Nous en avons assez de nous faire vendre des pompes à chaleur ou des fenêtres incessamment", a lancé Amélie de Montchalin,
ministre des Comptes publics, saluant une mesure qui protégera "les plus vulnérables, les plus âgés, ceux qui parfois ne se rendent pas compte que ce harcèlement téléphonique n'est
rien d'autre que la vitrine d'énormes mécanismes de fraude et de vol". Si les parlementaire ont souhaité réagir, c'est car l'actuel dispositif, Bloctel, qui impose
aux consommateurs de s'inscrire sur une liste s'ils veulent être épargnés du démarchage, n'a pas fait ses preuves. BLOCTEL INEFFICACE Denis Grugeon, 46 ans, était inscrit sur
Bloctel mais recevait régulièrement des appels de démarcheurs. Aussi a-t-il "pris une décision radicale: refuser tous les appels des numéros non enregistrés dans mon carnet
d'adresses", dit-il. Le texte interdit par ailleurs la prospection commerciale par voie électronique - mail, SMS, réseaux sociaux... - dans les secteurs de la rénovation
énergétique et de l'adaptation des logements. Ce texte correspond "à une demande de longue date des consommateurs" et met fin "à un mode de prospection commerciale qui
n'a plus lieu d'être", se félicite Benjamin Recher, chargé des relations institutionnelles de l'UFC-Que choisir. Le texte prévoit que ce dispositif entre en vigueur en
août 2026. Un délai regretté par certains parlementaires, quand d'autres auraient aimé qu'une exception votée par l'Assemblée soit conservée pour les entreprises de denrées
alimentaires, livrant par exemple des surgelés aux particuliers. L'accord trouvé par députés et sénateurs en commission mixte paritaire "a été de dire que les acteurs auront un an
pour s'organiser, mais qu'on ne mettrait aucune exception" pour un secteur, a expliqué à l'AFP Pierre-Jean Verzelen. UN TEXTE QUI SE DOTTE AUSSI D'UN
"ARSENAL" CONTRE LA FRAUDE Le texte comporte également un "arsenal" pour "lutter efficacement contre la fraude aux aides publiques", qui représente environ 1,6
milliard d'euros chaque année, selon le député macroniste Thomas Cazenave, porteur du texte à l'Assemblée. Parmi ces mesures: les gestionnaires des réseaux de distribution
d'électricité ou de gaz pourront "directement sanctionner quand ils constatent qu'un consommateur a détourné un compteur", précise le député. Par ailleurs,
l'administration pourra suspendre l'octroi ou le versement d'une aide publique pour une durée de trois mois renouvelable, en cas "d'indices sérieux" de fraude.
Deux mesures décriées par La France insoumise qui, au nom du "respect de la présomption d'innocence" et de la "séparation des pouvoirs", a d'ores et déjà
annoncé déposer un recours auprès du Conseil constitutionnel. T.L avec AFP