Combien coûterait une entrée à la piscine si on en payait le coût réel?

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Près d'un centre nautique sur deux chauffe ses bassins au gaz, l'énergie dont le prix s'est le plus envolé cette année. De quoi renchérir un peu plus le coût


d'exploitation des piscines municipales que le prix d'entrée est très loin de couvrir. Depuis plusieurs jours, on parle de ces piscines municipales qui doivent fermer, parce les


prix de l’énergie s’envolent. Pour bien comprendre les enjeux financiers de ce dossier, il convient de se pencher sur le coût de fonctionnement d’une piscine que le prix du ticket d’entrée


est très loin de pouvoir couvrir. Avant la crise, ce qui coûtait le plus cher dans une piscine municipale, c’était, de loin, le personnel. En 2019, selon les données publiées par


vie-publique.fr, la rémunération des salariés en charge de l’accueil, de l’entretien et de la surveillance représentait en moyenne, un peu plus de 60% du coût de fonctionnement d’un centre


nautique géré par une municipalité. Et le chauffage de l’eau des bassins et des douches et l’électricité utilisée en complément, notamment pour l’éclairage, constituait le deuxième poste de


dépense à plus de 15% du coût total. AVEC LA CRISE ÉNERGÉTIQUE, LA PISCINE PLUS QUE JAMAIS SERVICE PUBLIC DE LUXE Là encore il s’agit d’une moyenne. Pour les piscines qui utilisent la


géothermie, le ratio était bien inférieur. Mais dans tous les cas, ces chiffres ne sont plus du tout valables aujourd'hui. Car, il se trouve que plus d'une piscine municipale


chauffe son eau avec du gaz naturel. C’est-à-dire avec l’énergie dont le prix a le plus augmenté cette année. Et d'une façon générale, l'envolée des prix de l'énergie fait que


la piscine est vraiment devenu un service public de luxe. En France, avant la crise énergétique, l’usager d’une piscine municipale payait en moyenne 22% de son coût de fonctionnement. Mais


aujourd’hui ce coût s'est évidemment envolé. Pour le moment, on n’a pas de chiffres sur la France entière. Mais pour s'en faire une idée, il suffit de prendre un exemple concret.


Une ville a bien voulu se montrer totalement transparente en nous donnant tous ses chiffres: Salon-de-Provence (Bouches-du-Rhône). Dans cette commune de 46.000 habitants, la municipalité


gère deux établissements. L’été, les Salonais profitent d’une piscine découverte avec un bassin olympique de 50 mètres chauffé. La ville se conforme en effet aux règles encadrant les


entraînements de sportifs qui imposent un minimum de 25°C dans le bassin. Lorsque le climat ne se prête plus à la nage à l’air libre, les amateurs de natation et ceux qui s’y initient dans


le cadre scolaire peuvent faire leurs longueurs dans la piscine couverte. A SALON-DE-PROVENCE, L'ENTRÉE DEVRAIT COÛTER 70 EUROS JUSTE POUR COUVRIR LES COÛTS Pour certains usagers,


l’entrée est gratuite et le tarif le plus élevé est de 3 euros pour les Salonais et 4,30 euros pour les usagers "extérieurs". En moyenne, les recettes générées par la billetterie


permettent à la municipalité de gagner 3 euros par visite. Mais ces 3 euros sont très loin de couvrir les dépenses de fonctionnement de ces deux établissements. La municipalité a calculé


qu’en 2021, avant l’envolée des prix de l’énergie, le coût par usager s’élevait à 58,60 euros. Et pour cette année, elle a tablé sur 70 euros par usager. Le montant final dépendra de


l’évolution des prix de ses factures. Pour le dire autrement, 70 euros c’est le prix que les usagers devraient payer pour que ces deux piscines ne coûtent plus rien aux contribuables de la


ville. Ce qui évidemment n’a aucun sens. Mais à ce prix-là on peut tout de même parler de service public de luxe. Et s’il est tout à fait légitime que les usagers n’en paient pas le prix


coûtant, il faut néanmoins en avoir conscience lorsque certaines municipalités, pour réduire sa facture, décident, par exemple, de baisser la température de la douche ou des bassins de


quelques degrés.