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_« Le risque cyber est le risque numéro un pour toute entreprise, quelle que soit sa taille. Pourtant, le niveau de couverture est encore très faible chez les PME et petites sociétés. C’est
surprenant compte tenu du sérieux de la menace »,_ concède JULES VEYRAT, CEO et cofondateur du néo-courtier Stoïk. Un paradoxe qu'il est encore difficile de quantifier précisément.
Plusieurs études permettent de se faire une idée de l'état du marché, mais elles ne sont pas parfaitement représentatives sur le segment des plus petites entreprises. _ « Globalement,
moins de 5 % des PME sont équipées, _avance Jules Veyrat. _Un chiffre qui monte autour de 10 % pour les ETI. »_ De quoi aiguiser les appétits. _ « Le marché français est aujourd'hui
porté par les grands groupes. Les petites et moyennes entreprises et même les ETI sont sous-équipées. Il y a beaucoup à faire, _confirme AMANDA MARÉCHAL, souscriptrice cyber chez QBE France.
_« La situation est globalement la même chez nos voisins européens et au Royaume-Uni » _, complète-t-elle. MARIE-ÈVE MICHELON, directrice de la souscription Europe chez Beazley Digital,
constate toutefois quelques spécificités nationales : _ « Nous distribuons les mêmes produits aux petites entreprises en Allemagne et en Espagne. Or, outre-Rhin, les produits cyber sont
marginalement souscrits alors qu'ils sont des produits phares en Espagne où la sensibilisation semble plus importante. »_ TROP COMPLIQUÉ Si le diagnostic n'est guère réjouissant,
ses causes sont bien identifiées. _ « Les raisons qui expliquent cette situation sont multiples. Tout d'abord, beaucoup d'entreprises ne savent pas que le risque__ cyber est
assurable. D'autres continuent à croire que les sinistres n'arrivent qu'aux autres, même si la médiatisation autour des victimes d'attaques dans le monde fait peu à peu
prendre conscience du sérieux de la menace »_, explique Marie-Ève Michelon. Le travail de pédagogie est donc fondamental. _ « Malgré tous les efforts, les dirigeants de petites entreprises
ne sont pas encore assez sensibilisés, _reconnaît Jules Veyrat de Stoïk. _Nous multiplions les outils de sensibilisation et les investissements dans la prévention. »_ Le rôle des courtiers
dans ce domaine n'est pas à négliger, selon Marie-Ève Michelon : _ « Nous distribuons nos produits _via _ des courtiers spécialisés en cyber, ils ont donc un rôle clé dans l'achat
d'une police dont ils doivent savoir expliquer les contours au client. C'est pourquoi nous partageons avec eux notre savoir, nous les accompagnons au maximum. »_ Amanda Maréchal
complète : _ « Lorsque nous refusons un dossier, nous nous efforçons toujours d'expliquer les raisons de ce choix, ce qui permet à l'entreprise de le comprendre et de rectifier sa
situation. C'est__ à tous les acteurs de faire de la pédagogie pour aider les TPE-PME à améliorer leur niveau de maturité au risque cyber. »_ Autre frein à lever : la difficulté de
souscription. _ « Les investissements nécessaires pour satisfaire les prérequis des assureurs sont parfois difficiles à réunir. Le seuil minimal de moyens de défense exigé, la complexité de
certains questionnaires à remplir ou même le manque de personnel en interne pour y répondre peuvent décourager certaines petites entreprises »_, reconnaît Amanda Maréchal, de QBE France. Le
marché, qui a bien conscience de ces limites, s'efforce de progresser en la matière. _ « Beazley fait partie des assureurs qui posent le moins de questions lors de la souscription et__
nous travaillons toujours à la rendre la plus simple possible » _, détaille Marie-Ève Michelon. D'ailleurs, le groupe de travail instauré par la Direction générale du Trésor en 2021 a
fait de la simplification des procédures une priorité. LE CYBER, TROP CHER _« L'offre de produits cyber n'est pas non plus à la hauteur, _estime pour sa part Jules Veyrat. _ Les
assureurs ont peur de ce risque nouveau, pour lequel on dispose de très peu d'historique et qui est difficile à tarifer. » _L'argument du prix est certainement l'un des points
les plus bloquants pour les petites entreprises. _« L'assurance cyber est un budget, d'autant plus pour des entreprises de taille modeste »_, concède Amanda Maréchal. Et, de ce
point de vue, la situation risque de ne pas s'arranger. _« La fréquence des cyberattaques a augmenté de 19 % en France l'année dernière. Le plus inquiétant est que la part de
moyennes et petites entreprises touchées est dangereusement en hausse : 60 % des cyberattaques viseraient les petites entreprises » _, résume Marie-Ève Michelon. Selon l'étude Lucy de
l'Amrae, en 2022, la sinistralité au sein des entreprises moyennes a explosé et son coûta presque doublé, passant de 2,4 à 4,5 M€, et ramenant le ratio S/P à 100%. Rien de très alarmant
pour les professionnels. _ « Le marché cyber est très volatil : la situation sur une année n 'est pas révélatrice de la sinistralité à venir »_, rappelle Amanda Maréchal.