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DISPARITION - Le danseur et chorégraphe laisse des productions qui sont encore régulièrement données en Russie et à l’étranger. Publicité Ça n’est pas seulement un chorégraphe important qui
vient de s’éteindre ce 18 mai à l’âge de 98 ans. Iouri était le tsar du Bolchoï de Moscou. Il y aura régné de 1964 à sa mort avec une interruption au moment où le souffle de la perestroïka
appelle un vent de nouveauté, entre 1994 et 2001. Il y arrive à 37 ans. C’est un jeune homme auréolé de gloire. Dans la Russie Soviétique qui soigne la misère des camarades par les belles
histoires contées par le ballet, Grigorovitch s’est fait remarquer quand il chorégraphie pour le Kirov de Leningrad. C’est sa ville. Là qu’il a été formé à l’école Vaganova, comme Noureev et
Barychnikov. Sauf que la guerre a obligé l’école à se déplacer à Perm. Grigorovitch, dont vibre la fibre patriotique, tente de fuir en canoë pour rejoindre le front. C’est un garçon petit,
taillé en fil de fer, et façonné, de son regard d’acier à la brosse de ses cheveux, par l’intelligence et la détermination. Entré au Kirov comme danseur, il se fait remarquer pour ses
prestations avec son épouse Natalia Bessmertnova. C’est pour elle qu’il crée _Fleur de Pierre_ en 1957. Le ballet crée un succès immédiat : à la puissance de la danse soviétique, incluant
des exploits venus du sport pour illustrer le nouveau héros forgé par le monde communiste, Grigorovitch introduit un lyrisme qui charme et emporte. Il est donc sommé de rejoindre le Bolchoï.
Le théâtre Moscovite entretient des liens étroits avec le Kremlin. Les meilleurs, souvent éclos au Kirov, n’ont pas le choix. « FORTE AUTORITÉ NATURELLE » En 1962, le danseur étoile rejoint
le Bolchoï dont il prend la direction de la danse deux ans plus tard. Il chorégraphie des œuvres importantes dont, en 1968, une nouvelle version de _Spartacus_ qu’on a vue à Paris
magnifiquement dansée par Carlos Acosta. Il signe aussi _L’Âge d’or _ou_ Légende d’amour_. Sa version d’_Ivan le Terrible_, inspirée par le film d’Eisenstein sur la musique de Prokoviev, lui
ouvre les portes de l’Opéra de Paris. Le ballet a été créé en 1975 à Moscou. Les danseurs du monde entier ont été éblouis par la prestation de Natalia Bessmertnova et Iouri Vladimirov dans
ces rôles de héros psychotiques et cruels. En 1976, à la demande d’Hugues Gall, le ballet entre au répertoire avec Jean Guizerix, prodigieux. _« C’est lui qui avait décidé seul des
distributions. Il possédait une forte autorité naturelle, et personne n’aurait osé le contredire ou lui imposer quelque chose. Grigorovitch m’a retenu pour le rôle d’Ivan dans des
circonstances un peu particulières. Wilfride _(Piollet, danseuse étoile, NDLR)_ et moi avions l’habitude de “sécher” les classes si bien que _G_rigorovitch, qui y allait pour faire ses choix
de distribution, ne me voyait jamais et s’en était plaint. Comme je le croisais dans un couloir, je lui ai demandé : “Eh bien, vous voulez que je vous fasse quoi, deux tours en l’air ?”_
_J’étais encore en chaussures de ville, et je l’ai fait. Il a éclaté de rire », _raconte Jean Guizerix. Cyril Atanassoff et Noëlla Pontois le dansent également. Au soir de la première,
Dominique Khalfouni est nommée étoile dans le rôle d’Anastasia. Les artistes français et moscovites s’échangent les rôles et les scènes de Garnier et du Bolchoï. Vladimir Vassilev et
Ekaterina Maximova éblouissent dans_ Spartacus. _Hugues Gall, à son retour à la tête de l’Opéra de Paris, remet _Ivan _à l’affiche en 2004. Nicolas Le Riche y est prodigieux. L’héritier de
Prokoviev interdira ensuite les reprises. Comme tout maître de ballet, Grigorovitch donne aussi sa version des classiques : _Casse-Noisette_, _La Belle_, _Bayadère_, _Roméo et Juliette_… Et
c’est là que le bât blesse. Jusqu’à la fin, Grigorovitch, tsar de la danse au Bolchoï, interdira qu’on modifie ses versions pourtant bien vieillies.