Retraites : le gouvernement doit encore convaincre

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Le gouvernement a douché les espoirs des partenaires sociaux. Si lundi soir à l’issue de la première journée de consultation, un semblant de consensus semblait se dégager, il s’est


rapidement évaporé. À la surprise générale, Jean-Marc Ayrault a dévoilé un contour de réforme qui ne convient ni au patronat ni aux syndicats. Car au final tous seront mis à contribution. Le


gouvernement va donc devoir faire preuve de doigté pour faire accepter sa réforme, financée par les salariés, les entreprises mais aussi les retraités. Tous subiront une hausse des


cotisations vieillesse atteignant 0,3 point pour la partie salariale comme pour la partie patronale, à l’horizon 2017. Cela représente 4,50 euros en moins par mois pour un salarié au Smic.


L’augmentation rapportera 4,4 milliards d’euros. Cette solution avait la préférence des syndicats par rapport à une hausse de la CSG mais le patronat y reste fermement opposé redoutant une


nouvelle perte de compétitivité des entreprises. Aussitôt les mesures annoncées, le Medef, qui a entamé hier son université d’été a dénoncé une «non-réforme dangereuse». Le gouvernement


promet une compensation via une baisse des cotisations familiales, une solution susceptible d’apaiser la grogne patronale. Mais dans l’entourage du patronat, on fait remarquer que le


gouvernement ne s’est engagé sur aucun engagement ferme de calendrier pour ce transfert qui risque d’être très étalé dans le temps. Les syndicats, eux, fustigent l’allongement à 43 ans de


cotisations (contre 41,5 ans actuellement) pour les salariés nés à partir de 1973. En bon tacticien, le Premier ministre a alors annoncé dans la foulée la création d’un compte personnel de


prévention de la pénibilité pour les salariés. Une mesure réclamée depuis longtemps par les syndicats que le gouvernement de Jean-Marc Ayrault est le premier à leur accorder. Opportunément,


il a aussi promis la fin du gel du barème de l’impôt sur le revenu en 2014 ce qui profitera aux contribuables salariés. L’accueil de Bruxelles a été prudent. La Commission européenne qui


avait insisté sur la nécessité de préserver la compétitivité des entreprises, s’est contentée de «prendre note» des annonces, avant de connaître les détails. Le projet de loi sur les


retraites doit être présenté en Conseil des ministres le 18 septembre et son examen à l’Assemblée nationale doit commencer la semaine du 7 octobre. ------------------------- LE MEDEF FURIEUX


La réconciliation entre le gouvernement et les entreprises n’est plus à l’ordre du jour. Le nouveau patron des patrons ne décolère pas. Pierre Gattaz, le président du Medef a asséné hier


une volée de bois vert au gouvernement en ouvrant par une attaque en règle contre sa réforme des retraites et sa politique fiscale l’université d’été du mouvement patronal. «Tout le monde


sait qu’on va devoir revenir sur cette réforme des retraites dans quelques mois», a fustigé Pierre Gattaz. Le Medef n’a pas hésité à parler de projet «inacceptable», estimant qu’il fallait


encore combler un «déficit cumulé du système de retraites de 200 milliards en 2020.» Pierre Gattaz n’a pas mâché ses mots et a adressé des revendications très offensives à l’adresse du


gouvernement. «Supprimons l’ISF, supprimons la taxe à 75 % sur les hauts revenus qui font tant de dégâts en France, en Europe et à l’international, pour notre image et pour l’attractivité de


notre pays», a-t-il martelé. Dans un plaidoyer aux accents alarmistes, il a affiché sa crainte de voir la France «reléguée en deuxième voire, en troisième division.» «Notre pays va dans le


mur. Nous le savons tous», a lancé Pierre Gattaz. Durant l’université d’été il a lancé une grande réflexion France 2020 pour préparer l’avenir. ------------------------- LES SYNDICATS DANS


LA RUE Les principaux syndicats ont fait savoir qu’ils maintenaient leur appel à la mobilisation le 10 septembre prochain. Les quatre syndicats (CGT, FO, FSU et Solidaires) estiment que sur


l’allongement de la durée de cotisation ils n’ont pas été «entendus». A la gauche du PS, le secrétaire national du PCF Pierre Laurent a estimé que les choix du gouvernement s’inscrivaient


«dans la lignée» de «la réforme Fillon-Sarkozy» de 2010. Le leader de FO, Jean-Claude Mailly a lancé: «Personne ne peut garantir que cette réforme sera la der des der, ce qui justifie qu’on


appelle à mobiliser le 10 septembre». L’exécutif avait pourtant pris soin d’écarter les sujets les plus polémiques, souhaitant justement éviter la contestation sociale de 2010 engendrée par


la réforme Sarkozy: pas de recul de l’âge légal de départ, pas d’alignement public-privé, pas de gel des pensions. En revanche, la mise la mise en place d’un compte pénibilité en 2015 pour


que les salariés exerçant des métiers pénibles puissent se reconvertir ou partir plus tôt à la retraite a permis à Jean-Marc Ayrault de gagner l’adhésion des syndicats réformistes. La CFDT


s’est félicitée «des mesures de justice» et la CFTC a jugé «acceptables» les mesures du projet attendu à partir du 7 octobre à l’Assemblée.