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l'essentiel Après les révélations sur l’abbé Pierre, qui lèvent le voile sur un prédateur sexuel, les salariés et bénévoles d’Emmaüs Cahors accusent le coup tout en réaffirmant leur
désir d’œuvrer pour les plus démunis. Ils sont rangés dans un coin, cachés dans cette salle qui déborde de dossiers divers. Dans le sillage des révélations sur l’abbé Pierre, dévoilant le
profil d’un prédateur sexuel, Emmaüs Cahors a pris sur lui de mettre au placard les portraits du religieux qui ornaient leurs murs. Enfin, pas tous. Dans la réserve, on peut voir une photo
avec une citation : « Toujours servir en premier le plus souffrant. » Cruelle ironie quand les dernières semaines permettent de découvrir que l’abbé Pierre, lui aussi, participait activement
à cette souffrance. « UBUESQUE », « HALLUCINANT », « CHOQUANT » « On les a rangés parce qu’on ne voulait pas provoquer », confirme la présidente d’Emmaüs Cahors. Lorsqu’elle nous montre les
portraits en question, notamment un en bois et fabriqué par une bénévole, un morceau tombe. Elle le recolle tant bien que mal. Tout un symbole. Une grande affiche du religieux trône
toujours à l’entrée du bâtiment. Mais un projet de fresque élaboré par des lycéens est en cours de construction pour la remplacer. Il faudra attendre un an, au moins. Entre-temps, une grande
affiche type « Bienvenue à Emmaüs » devrait prochainement faire son arrivée. À LIRE AUSSI : Affaire Abbé Pierre : "Il se masturbait devant moi, me demandait de lui faire des
fellations"… Une femme dénonce le prêtre dans une lettre « Ubuesque », « hallucinant », « choquant », « sidération », les mêmes qualificatifs reviennent régulièrement dans la bouche des
salariés et bénévoles d’Emmaüs. Comme beaucoup, ils sont tombés de haut. Mais faute de consigne nationale, ils n’ont pas voulu communiquer : « On n’a pas souhaité rentrer dans un débat
d’opinions et dans quelque chose qui est déjà très triste pour tout le monde. Cela ne veut pas dire qu’on est insensible à l’histoire ou qu’on ne condamne pas ce qui s’est passé. Mais on
souhaite tourner la page à notre façon », confirme Brigitte Siffray. « On est au service des gens », abonde Sarah, une bénévole, pour qui l’abbé Pierre n’est pas un sujet quant à l’existence
de la structure. « Cela nous a surpris, c’est SÛR. Après, on travaille pour une structure engagée pour les personnes. » À LIRE AUSSI : Agressions sexuelles. Place Abbé Pierre à Pinsaguel :
l’héritage Emmaüs sera préservé « TOUS LES HOMMES FONT ÇA » Mais bénévoles comme salariés se sont demandé si ces révélations pourraient ralentir les ventes : « Pas du tout », assure Luc, un
salarié. Lorsque nous nous y rendons, ce mercredi, la salle est pleine. « On a eu des réactions plutôt positives. Des clients sont venus spontanément nous dire qu’ils ne faisaient pas
l’amalgame entre nous et l’abbé Pierre. » Ce qui n’empêche pas, parfois, des remarques pleines de tristesse : « Un jour à l’accueil, une dame m’a dit : "De toute façon, tous les hommes
font ça". Je lui ai dit qu’évidemment il ne me serait jamais venu à l’idée de faire une chose pareille. Eh bien, elle ne m’a pas cru », raconte, bouleversé, cet ancien prof de
conservatoire. Suite aux révélations, initiées par Emmaüs, l’Église de France a décidé récemment d’ouvrir les archives de l’épiscopat. Elles dévoilent le profil sombre d’un homme chaperonné
dès les années 50 par sa hiérarchie pour empêcher tout dérapage. Peine perdue. À ce titre, un conseil extraordinaire se tiendra en décembre à Emmaüs France pour décider de l’avenir et de la
place de cet homme qui n’était pas un saint.