Vallée de l'orbiel : boues et arsenic, un sujet à manier avec précaution

feature-image

Play all audios:

Loading...

l'essentiel En 2018, deux mois après les inondations, l’ARS assurait que la "manipulation des boues" était sans risque. Moins de trois ans plus tard, l’agence invite à


nettoyer une habitation où demeurent des limons chargés en arsenic en usant "d’équipements individuels de protection adaptés". Le 8 décembre 2018, dans un communiqué consacré aux


analyses du chercheur toulousain Philippe Behra, la préfecture de l’Aude opérait une opération de déminage en règle. Pour faire d’alarmants taux en arsenic dans les eaux et sédiments mesurés


en vallée de l’Orbiel après les inondations du 14 au 15 octobre, des _"valeurs"_ identiques à celles _"régulièrement"_ enregistrées par le Bureau des recherches


géologiques et minières (BRGM), chargé de la gestion des anciens sites miniers et stockages de déchets. Pour assurer, après avoir saisi l’Agence régionale de santé (ARS) Occitanie, du peu de


danger. L’ARS avait confirmé que la_ "voie cutanée"_ était_ "une voie mineure d’absorption de l’arsenic"_, et que la _"baignade dans l’Orbiel"_ ou les


_"manipulations de boue"_ ne comportaient _"pas de risque"_. En juin 2019, face à l’inquiétude suscitée par les taux en arsenic de nombreux enfants de la vallée, le


préfet de l’Aude, Alain Thirion, prenait une volée d’arrêtés signifiant l’interdiction d’accès à des aires de jeux ou de loisirs, ou encore de la baignade dans l’Orbiel et ses affluents.


Autant de_ "mesures conservatoires (...) nécessaires et urgentes pour protéger les populations concernées (...)"_. De nouvelles investigations du BRGM, mais aussi de l’Institut


national de l’environnement industriel et des risques (INERIS), avaient, fin 2019 puis en 2020, permis de lever certaines des mesures conservatoires. Mais la question reste sensible. Comme


en témoigne Eric Ternon, auteur de prélèvements des limons déposés dans la maison de ses beaux-parents, inondée à Trèbes en octobre 2018. Avec un taux de 37 mg/kg d’arsenic relevé, en


janvier 2021. Un niveau dont la préfecture, par la voix de son secrétaire général Simon Chassard, avait assuré, mi-mars, _"l’absence de risque pour la santé humaine"_. Fin mars,


c’est cette fois un courrier du directeur général de l’ARS, Pierre Ricordeau, qu’Eric Ternon a reçu. Deux pages. Pour rappeler que la consommation d’eau des puits privés et de légumes


provenant de jardins irrigués ou submergés par l’Orbiel demeurait les _"principales voies d’exposition"_ ; précisant que,_ "bien que l’exposition par voie aérienne à l’arsenic


ne soit pas jugée prépondérante, des analyses de la qualité de l’air sont en cours, à proximité des secteurs miniers"._ Et d’enchaîner en rappelant la_ "large diffusion" _des


_"recommandations sanitaires" _aux populations. Avant d’évoquer ces 37 mg/kg : concentration _"pas surprenante (...) compte tenu des influences des crues de l’Orbiel et des


teneurs moyennes dans les sols des bassins-versants de la vallée, qui sont généralement élevés"_. Quatre lignes pour écarter les craintes. Et assurer _"qu’un nettoyage classique


avec évacuation des limons est suffisant pour protéger les habitants"_. Mais pas sans précautions : _"Il convient, cependant, de veiller à équiper le personnel réalisant ces


opérations des équipements individuels de protection adaptés"_ et de _"respecter les recommandations sanitaires"_. Le tout_ "pour protéger sa santé"_. Loin de


l’absence de risque assurée en décembre 2018 au sujet de la manipulation des boues. Ces dépôts charriés par les flots que tant d’Audois sinistrés mais aussi de secours, de forces de l’ordre


ou d’associations de protection civile avaient manipulés sans plus de précaution, ni d’inquiétude.